Le 1er août dernier, jour anniversaire du début de l’Insurrection de Varsovie en 1944, des jeunes ont inscrit en rouge les mots « Bourreau » et « Assassin » sur la tombe de Bolesław Bierut, agent du NKVD soviétique et dictateur stalinien de la Pologne « populaire » d’après-guerre, coupable en tant que tel de l’arrestation, de la torture et de l’exécution de milliers d’opposants politiques et membres de la résistance polonaise ayant survécu à la Deuxième guerre mondiale. Après l’arrestation des « vandales » par la police, le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro est intervenu en leur faveur. Il faut dire que la tombe du dictateur a de quoi énerver : elle se trouve encore dans l’allée des « Méritants » (aleja Zasłużonych) du prestigieux cimetière varsovien de Powązki.
Quelques jours plus tard, plusieurs grands médias de la gauche libérale-libertaire, comme la télévision TVN (qui a appartenu un temps au groupe Canal+) et le journal Gazeta Wyborcza du militant Adam Michnik, proche du journal français Le Monde, tombaient en extase devant l’acte « civique » d’une jeune femme qui a pris sur elle d’acheter des produits nettoyants et de laver l’infamie.
Or le site Niezalezna.pl a pu établir qui était cette citoyenne anonyme tant vantée pour son acte responsable. Il s’agit d’une certaine Ludmiła Dobrzyniecka, chef de la Jeunesse communiste de Pologne (KMP), et ancienne trésorière du parti pro-russe Zmiana (« Changement »), dont le dirigeant a été arrêté en mai par le contre-espionnage polonais (ABW), notamment pour des financements non déclarés reçus de Moscou. Dans ses déclarations dans les médias, Ludmiła Dobrzyniecka, fille de communistes stalinistes, soutient, comme le faisait la propagande soviétique et communiste polonaise, que ce sont les Allemands qui ont exécuté des dizaines de milliers d’officiers polonais à Katyń, elle considère que « Staline était un bon dirigeant » et elle vante la Corée du Nord. D’après le site Kresy.pl qui a publié des photos, en février 2015 des militants de Zmiana et de la KMP se sont rendus en Ukraine pour commémorer ensemble, avec des drapeaux et symboles communistes, le massacre de Huta Pieniacka.
Ces liens entre communistes nostalgiques de l’ère stalinienne et activistes pro-russes ne sont pas surprenants en ex-Europe de l’Est : il n’y a qu’à voir la symbolique communiste utilisée dans les régions séparatistes d’Ukraine (les deux « républiques populaires » de Lougansk et Donetsk) et de Moldavie (en Transnistrie) soutenues militairement par la Russie. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la droite conservatrice et catholique polonaise ne croît pas à l’image créée aujourd’hui par le président (et ex-officier du KGB) Vladimir Poutine d’une Russie défenseuse de la chrétienté, en opposition à une Europe gaucho-LGBT corrompue.
Ludmiła Dobrzyniecka avec ses amis de la Jeunesse communiste de Pologne devant une statue de Staline
Ludmiła Dobrzyniecka (au milieu) avec Mateusz Piskorski (à gauche), le chef du parti Zmiana arrêté en mai. Piskorski soutenait l’intervention militaire russe en Géorgie en 2008 et il soutient aujourd’hui les séparatistes de l’est de l’Ukraine. Parlant le russe couramment, il s’est souvent exprimé dans les médias russes en tant que « expert polonais » et il est un rédacteur du média russe Sputnik (dans sa version polonaise).
Mateusz Piskorski sur la chaîne de télévision russe Russia Today (RT)
Une vision idéalisée du communisme présentée pendant la cérémonie des JO de Sotchi en 2014.
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