Oslo (Norvège). Mis en cause par Jacques Cheminade et Laure Manaudou en pleine affaire Merah, les jeux vidéos seront-ils, après la droite identitaire et nationale, les prochains boucs émissaires de l’affaire Breivik ?
Ce dernier a expliqué jeudi qu’il avait passé l’année 2006 dans l’isolement le plus complet, à jouer à Call of Duty et à World of Warcraft, un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur qui passionne 10 millions d’internautes. Anders Behring Breivik aurait, déclare-t-il au tribunal, joué jusqu’à 16-17 heures par jour pendant douze mois et, ainsi, perfectionné sa technique de tir. “Je n’aime pas vraiment ces jeux, mais ce sont des bonnes simulations lorsque vous voulez vous former”, a-t-il déclaré. Selon lui, de tels FPS permettent de s’entraîner à répondre à la police et de travailler sur des stratégies d’évasion. Passer sa vie à “jouer et dormir” était, pour lui, “un rêve” quand “certains rêvent de faire le tour du monde à la voile” et d’autres “de jouer au golf”.
Pour Thomas Hylland Eriksen, professeur d’anthropologie sociale à l’Université d’Oslo, de tels jeux vidéo mettraient Anders Behring Breivik dans un état de délire. « Quand il est allé sur Utoya, peut-être croyait-il encore à un certain niveau qu’il jouait à un jeu vidéo” a-t-il commenté en marge du procès qui doit durer 10 semaines. « [Breivik] ne semble pas avoir très bien réussi à établir une distinction entre le caractère virtuel de World of Warcraft et d’autres jeux sur ordinateur et la réalité”, a-t-il ajouté.
Le Norvégien a tué huit personnes avec l’explosion d’une voiture piégée à Oslo le 22 Juillet, puis 69 personnes, pour la plupart des adolescents, à l’arme à feu dans un camp de jeunesse du Parti travailliste sur l’île Utoya. Il explique avoir établi ses chances de survie à l’issue d’une telle entreprise à 5%.