Le Zemmour du mardi. “Depardieu n’est pas Danton, qui a préféré être guillotiné plutôt que d’emporter la patrie à la semelle de ses souliers. Il n’est pas Obélix non plus, le Gaulois bataillant pour la liberté de son pays occupé par les Romains. Il n’est pas Cyrano qui chérit les glorieuses défaites davantage que les victoires minables. Non, Depardieu est avant tout et pour toujours le personnage de son premier succès, Les Valseuses, dans les années 70. Il y jouait alors, avec son compère Patrick Dewaere, un jeune homme d’époque, cheveux longs et idées courtes, amoral et jouisseur, qui se baladait dans la vie comme dans un supermarché, s’emparant de tout ce dont il avait envie, comme un enfant gourmand, sans tabou ni interdit. Dans Les Valseuses, Depardieu fut l’incarnation la plus magnifique de cette génération consumériste, sans transcendance, sans Dieu ni patrie. Tout s’achète et tout se vend, finalement, même les enfants. Quand on peut choisir son sexe, pourquoi ne pourrait-on pas choisir son pays. Et puis, Depardieu a grandi, mûri. Il a appris à compter. Il est un homme d’affaires comme Bernard Arnault et tous les patrons qui se sont exilés pour mettre à l’abris leur magot. C’est pourquoi la droite libérale le bénit et croit habile de dénoncer le matraquage fiscal de gauche, en reprenant les principes individualistes et libertaires de cette gauche qu’elle dénonce habituellement.
“Depardieu choisit seulement sa région de prédilection, dans la grande nation européenne où la concurrence fiscale est un moteur de la croissance, protégée par la Commission de Bruxelles.”
Depardieu est un citoyen européen, il met en pratique la devise de François Mitterrand. La France est sa patrie mais l’Europe est son avenir. Comment Hollande et Ayrault peuvent-ils lui en vouloir ? Depardieu choisit seulement sa région de prédilection, dans la grande nation européenne où la concurrence fiscale est un moteur de la croissance, protégée par la Commission de Bruxelles. Et puis, Depardieu est un homme libre. Son corps lui appartient. Il le trimballe où il veut, quand il veut. Les frontières sont des lignes désuètes, dépassées. Au lieu de tancer Obélix et le sommer de revenir en Gaulle, Harlem Désir devrait se souvenir de ce qu’il disait au bon vieux temps d’SOS Racisme. Depardieu n’est qu’après tout un immigré inquiet sur son sort dans son pays et qui a bien le droit d’espérer un avenir meilleur dans une autre contrée. Depardieu est un citoyen du monde, comme Daniel Cohn-Bendit, comme Les Verts, comme toute l’extrême-gauche, qui maudissent cette France du repli, cette France moisie. Depardieu a bien raison d’abandonner cette France de merde, bled de merde, comme il disait dans Les Valseuses. Quand Depardieu tournera son prochain film, rien ne l’empêchera de profiter, comme d’habitude, du régime fiscal hexagonal si avantageux pour le cinéma, ni de faire rémunérer tous les techniciens qui le filment, le maquillent, lui font répéter ses répliques (ou les lui soufflent) [comme] des intermittents du spectacle payés par les cotisations chômage de ces imbéciles de Français restés au pays. Et quand il sera gravement malade, il accourra dans un hôpital français dont le déficit est financé par les mêmes. Mais Depardieu aurait tort de se priver, quand y a d’la gêne, y a pas de plaisir !”
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