L’Institut économique Molinari (IEM) dénonce, à propos de l’instauration d’une nouvelle fiscalité dite « nutritionnelle », “un dangereux précédent”. “En quelques semaines et avant même d’avoir été votée, son assiette a déjà été étendue et son niveau presque doublé » s’inquiète dans un communiqué le think tank basé à Bruxelles. « L’analyse et l’expérience internationale – notamment américaine – montrent que la taxe sodas est inefficace pour régler les problèmes d’obésité et de déficits. Et jouer les vase-communicants entre industries est le plus sûr moyen de nuire au global aux capacités productives en France », souligne quant à lui Valentin Petkantchin, chercheur associé et auteur d’une étude sur le sujet. Il faut en effet savoir qu’une taxe sur les sodas existe depuis 1920 aux Etats-Unis où l’obésité touchait 34,3% de la population adulte en 2007, selon l’OCDE. D’après une étude réalisée sur près de 20 années, une augmentation d’un point de pourcentage de la taxe sodas correspond à une baisse de l’Indice de masse corporelle (IMC) de seulement 0,003 points (une personne est considérée comme obèse si son IMC est supérieure à 30). “Dans le cas des enfants et des adolescents, les résultats sont mêmes nuls car les jeunes se mettraient à consommer des boissons plus caloriques et moins chères (jus de fruits, boissons lactées, etc.)” précise l’IEM.
Les recettes anticipées de la taxe (après leur doublement récent) – estimées à 250 millions d’euros – représenteraient environ 0,2% de l’ensemble des déficits publics et 0,015% de la dette cette année. Une « goutte dans l’océan » des déficits, selon l’IEM. « Vouloir limiter le dérapage des finances publiques via la taxe sodas n’est pas crédible », souligne Valentin Petkantchin. “Une fois acquise l’idée d’une taxe sur les comportements alimentaires des individus, son niveau sera progressivement augmenté et son assiette étendue à toutes sortes d’aliments comme on a déjà pu le constater, une extension de la taxe aux boissons « light » étant déjà soumise au parlement”, prévient-il. De plus, “une fiscalité nutritionnelle étendue pénalisera à terme les capacités productives du secteur alimentaire – un des fleurons pourtant de l’industrie française dont les exportations dépassaient les 36,5 milliards d’euros en 2010”. Pas négligeable quand on sait que le gouvernement prévoit pour 2011 un déficit commercial de 75 milliards d’euros !
« Une nouvelle taxation nutritionnelle risque non seulement de limiter les rentrées fiscales futures mais aussi de ralentir le retour à la croissance en France où le fardeau fiscal est déjà particulièrement lourd », conclut Cécile Philippe, directrice de l’IEM.
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