Après trois mois de recherches, la compagnie aérienne Air France-KLM a choisi son nouveau dirigeant. Le Canadien Benjamin Smith succédera à Jean-Marc Janaillac, qui avait démissionné en mai dernier après un vote des salariés. Choisi pour son expérience solide dans le domaine du transport aérien, le numéro deux d’Air Canada a déjà fait ses preuves dans le dialogue social. Un profil idéal pour Bruno Le Maire qui a salué “une chance” pour le groupe Air France-KLM, en proie aux conflits. Une tâche de grande ampleur attend donc Benjamin Smith : “redynamiser” la compagnie, fragilisée par les grèves au printemps qui ont coûté 335 millions d’euros et ramener la paix sociale au sein d’un groupe en crise. Mais pour l’intersyndicale d’Air France, la nomination d’un candidat étranger, qui plus est extérieur à la compagnie, est “inconcevable”. Les neufs syndicats attendent particulièrement le nouveau directeur sur la question des salaires. De son côté, Benjamin Smith a manifesté sa volonté de “gagner la confiance et le respect des équipes d’Air France-KLM” pour réussir “dans cette industrie fortement compétitive et en évolution très rapide”.
Fleuron de l’aviation, Air France fête cette année ses 85 ans. Mais avant de devenir une compagnie au rayonnement international, le transporteur aérien a connu quelques turbulences. Les débuts sont prometteurs avec un développement progressif de ses services et de sa technique, notamment à travers l’acquisition du Boeing 747, les difficultés commencent à partir des années 1990. Le groupe souffre d’une mauvaise conjoncture mondiale et perd plusieurs contrats. En 1993, Air France connaît le plus violent conflit social de son histoire : à l’époque, le PDG Bernard Attali engage un plan de restructuration avec de nombreux licenciements. Les mouvements sociaux s’enchaînent jusqu’à sa démission. Au bord de la faillite, le groupe parvient à se redresser grâce à Christian Blanc et obtient une recapitalisation de l’Etat à hauteur de 20 milliards de francs en 1994. Aujourd’hui, la compagnie est parvenue à diversifier ses filiales, jusqu’à ouvrir des lignes en low-cost. Un objectif que le nouveau PDG Benjamin Smith pourrait approfondir avec la création d’une compagnie long-courrier low-cost.
Pour lutter contre la concurrence, Air France mise en effet sur les vols à petits prix. Grâce à une offre attractive, ce marché est aujourd’hui en pleine expansion et pousse de plus en plus de voyageurs à prendre l’avion pour des distances plus ou moins longues. Alors que la demande augmente et que les filiales se multiplient, les compagnies aériennes commencent à manquer de pilotes. Selon Boeing, 637 000 nouveaux pilotes seront nécessaires d’ici à 2036 pour assurer le trafic aérien. Pour lutter contre cette pénurie problématique, certaines compagnies décident d’augmenter les salaires du personnel et de financer en partie la formation des pilotes. Une initiative suivie par Air France qui a rouvert sa “filière cadets” après dix ans d’arrêt, une formation qui dure de deux ans et demi.
Benjamin Smith permettra-t-il à Air France de sortir de la crise ? Quelle est l’histoire de cette compagnie aérienne fondée en 1933 ? La pénurie de pilotes peut-elle affecter le développement des filiales low-cost ?
Invités :
Pascal Perri, économiste
Gérard Feldzer, consultant transports
Christine Kerdellant, directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle et L’Usine digitale
Rémi Godeau, rédacteur en chef de L’Opinion
Source : “C dans l’Air”, France 5.