Décidément, ces Allemands nous surprendront toujours. Leur Cour constitutionnelle n’a rien à voir avec notre gentil Conseil du même nom. Alors que, le ministre des Finances allemand lui met une gentille mais néanmoins constante pression, alors que José Manuel Barroso, s’occupant comme à son habitude de ce qui ne le regarde pas, lui lance un appel à la promptitude, voici que lundi 16 juillet, la Cour de Karlsruhe, soucieuse de ses prérogatives, a annoncé qu’elle attendra le 12 septembre pour rendre son avis sur la constitutionnalité du futur Mécanisme européen de stabilité (MES) !
Présentés comme la clé de voûte du soutien à long terme aux pays en difficulté, le MES et son pendant, le « pacte budgétaire » (pourtant signé en mars dernier, à l’initiative de l’Allemagne, par 25 pays de l’Union européenne sur 27), font l’objet de six plaintes déposées par des députés de la gauche radicale Die Linke, un élu conservateur et une association de citoyens.
Jean-Claude Juncker, chef de file de l’Eurogroup (les ministres des Finances de la zone euro), avait reconnu dimanche dernier que la perspective d’un jugement en septembre ne l’ « aidait » pas vraiment. Il évoquait en fait un possible choc des calendriers dont l’Espagne et l’Italie pourraient faire les frais. Après avoir obtenu à l’arrachée, lors du sommet européen des 28 et 29 juin derniers, que les fonds de secours européens puissent recapitaliser directement les banques espagnoles et intervenir en cas d’urgence sur le marché de la dette souveraine italienne, Rome et Madrid craignent de se retrouver confrontés, en cas de tensions durant l’été, au risque d’un blocage administratif de Berlin, même si, en théorie, la recapitalisation des banques espagnoles est assurée si le Mécanisme européen de stabilité (MES) reste en suspens, puisque l’actuel Fonds de stabilité financière (FESF) est habilité à intervenir en lieu et place du MES. En théorie, toujours, le Bundestag allemand se réunit demain, 19 juillet, pour examiner l’octroi d’une aide européenne à l’Espagne et une majorité de députés devrait en approuver le principe. « En théorie » car la pression monte en Allemagne, où les récentes déclarations bataves et finlandaises ont été généreusement relayées, où les oppositions à l’euro et au financement des déficits des « pays du Sud » se font plus pressantes et plus sonores. Les élections approchent. Un certain nombre de députés pourraient être tentés de se démarquer d’une politique de soutien inconditionnel à l’euro que les électeurs risqueraient de leur faire payer bientôt. Alors, même si « ça passe » encore cette fois, il ne va peut-être pas falloir remettre ça trop souvent dans les mois qui viennent…
> Cet article est publié en partenariat avec MaVieMonArgent.info.
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