Le Zemmour du vendredi. “Dans les années 60, on était Beatles ou Rollings Stones. Dans les années 70, on était Renault ou Peugeot. La droite était Peugeot, la gauche Renault. Giscard, souvenons-nous, roulait en Peugeot, Mitterrand en Renault. Renault, c’était Billancourt, qu’on ne devait pas désespérer. Peugeot, c’était le patronat paternaliste. Renault, c’était la banlieue rouge, Peugeot la province. Tout a changé depuis mais… rien ne change. La gauche a toujours les yeux de Chimène pour Renault. Renault ne vire pas les ouvriers mais réduit les effectifs. Renault ne délocalise pas mais nourrit les pauvres en Turquie ou à Tanger et demain à Alger. Montebourg aurait rétabli la guillotine pour Peugeot, il est tout miel avec Renault. Il est vrai que depuis l’affaire Mittal, les technos du Trésor lui ont montré qui était le patron. Montebourg a ravalé ses plans de nationalisation et de dé-mondialisation. Il apprend la figuration. Il fait de la retape auprès des investisseurs étrangers. Renault a eu l’élégance de prévenir le ministre, c’est la transparence, il paraît. La vie avec Montebourg, c’est simple comme un coup de fil. Pourtant, les effectifs dans l’œil du cyclone sont plus importants que ceux visés à l’époque par Peugeot. Depuis dix ans, Renault a délocalisé bien plus massivement que Peugeot, c’est même ce tropisme patriotique qui a causé la perte de Peugeot.
“Depuis dix ans, Renault a délocalisé bien plus massivement que Peugeot, c’est même ce tropisme patriotique qui a causé la perte de Peugeot.”
Il y a belle lurette que Carlos Ghosn a compris, lui, que les ouvriers français étaient plus chers que les Marocains et les Turcs. Il est fort en calculs, ce Carlos Ghosn, c’est un cost killer. Pourquoi voulez-vous qu’il touche neuf millions d’euros par an ? Mais c’est à la famille Peugeot que Montebourg reproche ses dividendes. C’est une tradition à gauche : on préfère les élites mondialisées au patronat trop franchouillard. C’est Renault et pas Peugeot qui fait du chantage à ses ouvriers en France pour qu’ils s’alignent sur les conditions de travail de leurs collègues espagnols, qui ont dû accepter une baisse de salaire de 25%. En France, Renault avance masqué, réclamant seulement des hausses du temps de travail et une plus grande mobilité des effectifs entre les usines. Mais l’objectif est bien d’hispaniser les ouvriers français, comme ont été turkisés les Espagnols avant de maroquiniser et d’algérianiser tout ce petit monde. Les experts ne jurent que par la montée en gamme des modèles mais la guerre entres constructeurs automobiles se joue d’abord sur la capacité à réduire les coûts salariaux. Les nationalisations américaines ont d’abord servi à ça. L’industrie anglaise se reconstruit à des conditions de pays pauvre. Fiat ne restera en Italie que s’il peut s’aligner. Même les Allemands ont délocalisé le gros de leurs usines en Tchéquie ou en Pologne, ne laissant aux ouvriers allemands que le plaisir d’inscrire sur les superbes limousines ce “Made in Germany” si chic. Dans les années 60, Renault était l’entreprise du modèle social. Aujourd’hui, elle est plutôt le modèle de l’entreprise mondialisée qui n’aura bientôt plus d’usine dans son pays d’origine et ne se souvient de sa nationalité française que lorsqu’il s’agit de quémander des aides de l’État. Au moins, elle est restée un modèle…”
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