L’organisation Pro-life Belarus, constituée de prêtres et laïques orthodoxes et catholiques, vient de remettre au parlement biélorusse une pétition pour l’interdiction totale de l’avortement. Cette demande fait suite à une restriction de l’accès à l’avortement depuis l’année dernière, l’IVG restant autorisée jusqu’à la 22e semaine de grossesse uniquement quand la grossesse est le fruit d’un viol, pour des raisons médicales ou si la femme enceinte a été privée de ses droits parentaux sur ses autres enfants. L’avortement est resté toutefois possible sur simple demande jusqu’à la 12e semaine de grossesse même s’il a été question récemment d’autoriser la clause de conscience pour les médecins. En septembre, la mairie de Minsk a toutefois interdit une marche contre l’avortement.
Comme les autres anciennes républiques de l’URSS, la Biélorussie a hérité de l’Union soviétique un droit extrêmement libéral en matière d’avortement. L’Union soviétique avait été le premier pays a autoriser en 1920 l’interruption volontaire de grossesse et le grand voisin de la Biélorussie, la Russie, est toujours, malgré un net déclin de cette pratique, un des pays avec le plus d’avortements au monde par rapport au nombre de naissances. La Russie avait dès 2003 réduit le délai limite pour l’avortement à la demande de la 22e à la 12e semaine de grossesse. Et tandis que le gouvernement socialiste français cherche à restreindre la liberté de critiquer l’interruption volontaire de grossesse, la Russie a interdit toute publicité en faveur de cette Solution finale. Mais il faut aussi dire qu’en Russie il y avait encore récemment plus de grossesses avortées que de grossesses menées à terme.
En Biélorussie comme en Russie, le nombre d’avortements qui était extrêmement élevé baisse systématiquement depuis la fin de l’époque soviétique. D’après l’institut de la statistique biélorusse Bielstat il y a eu, pour une population de 9,5 millions d’habitants, 26 860 avortements en 2011 contre 27 660 en 2010 et 121 900 en 2000 ! En Russie, malgré une forte baisse depuis les années 90, on compte encore quelque 1,2 millions d’avortements par an pour une population de 143,5 millions d’habitants. En Ukraine aussi le nombre d’avortements (autorisés à la demande jusqu’à la 12e semaine de grossesse) reste élevé mais en très forte baisse : avec une population de 45,5 millions d’habitants, l’Ukraine a connu environ 140 000 avortements en 2012 contre 430 000 en 2000 et plus de 1 million par an dans les années 1980.
Si les organisations internationales du type OMS, Planning familial et autres représentants du lobby pharmaceutique mettent cette baisse du nombre d’avortements au crédit d’une plus grande utilisation des moyens de contraception, le renouveau religieux relatif dans ces 3 pays de tradition chrétienne orthodoxe, avec aussi une présence catholique notamment en Biélorussie et en Ukraine, n’y est pas non plus pour rien. L’exemple français où l’avortement reste stable à environ 220 000 IVG par an depuis plusieurs décennies montre d’ailleurs que la généralisation des moyens de contraception ne permet absolument pas de réduire le nombre d’avortements si elle s’accompagne d’une banalisation de cet acte. Dans les républiques de l’ancienne Union soviétique, le militantisme anti-avortement des Églises chrétiennes contribue à faire prendre conscience aux populations de ce qu’est réellement un avortement. Si l’Église catholique était elle-même plus courageuse dans ce domaine en France, comme elle l’est dans d’autres pays, combien de vies pourraient-elles être sauvées chaque année ? Aujourd’hui, d’après un sondage Ifop, 53 % des « catholiques » pratiquants français sont paraît-il en faveur de l’autorisation de « l’interruption de grossesse effectuée par un médecin lorsque la femme le demande parce qu’elle estime que ses conditions matérielles ou morales d’existence ne lui permettent pas d’avoir un enfant ». Mais que font donc nos prêtres et nos évêques ?
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