La Pologne fête les 1050 ans de son baptême avec un sentiment de mission

Si les commémorations du baptême du duc des Polanes Mieszko Ier en 966 durent un an, de novembre 2015 à novembre 2016, les trois journées du 14 au 16 avril en constituent le point central. C’est sous l’influence de la princesse Dubravka, fille de Boleslav Ier de Bohème, que Mieszko se convertit au christianisme. Ce baptême fut l’événement fondateur de la Pologne, et c’est pourquoi les cérémonies de commémoration impliquent aussi bien l’Église que les autorités civiles. Catholique, la Pologne sera pendant des siècles à la frontière occidentale du monde latin qu’elle contribuera grandement à sauver du désastre à au moins deux reprises : en 1683 avec la victoire du roi Jean III Sobieski contre l’envahisseur ottoman à la bataille de Vienne et en 1919-21 avec la guerre soviéto-polonaise par laquelle la Pologne renaissante, après presque 150 ans de partage de son territoire entre la Prusse (puis l’Allemagne), l’Autriche et la Russie, stoppa les troupes bolcheviques qui cherchaient à exporter la révolution communiste en Europe occidentale.

Selon la tradition, le baptême de Mieszko Ier, qualifié de baptême de la Pologne, se serait déroulé le Samedi saint de l’an 966 à Gniezno. Première capitale du pays, cette ville de 70 000 habitants est aussi le siège du primat de Pologne depuis 1417. D’autres sources situent toutefois le baptême de Mieszko à Poznań, qui est aujourd’hui la capitale régionale.

Et c’est donc dans ces deux villes de la région de Grande-Pologne (Wielkopolska) qu’ont lieux les commémorations culminantes des 1050 ans de la Pologne. Le 14 avril a marqué l’ouverture de la 372e assemblée plénière de l’épiscopat polonais en présence de représentants d’autres épiscopats européens et sous l’égide de l’archevêque Wojciech Polak, primat de Pologne. Puis une messe a été célébrée par le légat apostolique, le cardinal Pietro Parolina, à la cathédrale de Gniezno, en présence du président de la République polonaise Andrzej Duda et de son épouse ainsi que du premier ministre Beata Szydło. Les commémorations devaient ensuite se dérouler à Poznań, avec une réunion solennelle le 15 avril de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire de la Diète et du Sénat réunis (l’équivalent du Congrès du Parlement français), devant laquelle le président Duda devait prononcer un discours.

« L’Europe doit répondre à la question de savoir où elle est et dans quelle direction elle va. Nous, en Pologne, nous n’avons pas perdu notre identité », à déclaré le premier ministre Beata Szydło à Gniezno. « Nous sommes ici à Gniezno, nid de notre peuple, pour rendre hommage à tous ceux qui ont servi notre patrie et sont morts en criant ‘Vive la Pologne’ », a dit le président Andrzej Duda pendant la messe à la cathédrale de Gniezno, tandis que Mgr Wojciech Polak soulignait dans son homélie que c’est « par la grâce du baptême que nous savons nous donner nous-mêmes et servir, c’est-à-dire perdre notre vie pour les autres ». « Le christianisme porte en lui une force véritablement libératrice », a-t-il aussi rappelé.

Les commémorations prennent une importance particulière du fait que les mille ans du baptême de la Pologne avaient été célébrés alors que le pays vivait sous le joug communiste et l’occupation soviétique. Les 1050 ans sont donc l’occasion de célébrer le baptême et la naissance de la nation polonaise dans une Pologne libre, mais aussi dans un contexte de grave crise de l’identité et de la foi en Europe. Dans le cadre de cette année-anniversaire, la Pologne accueillera à Cracovie les Journées Mondiales de la Jeunesse du 27 au 31 juillet 2016. Les descendants des sujets de Mieszko Ier sont un des peuples les plus catholiques d’Europe, avec environ 40 % de la population qui se rend régulièrement à la messe le dimanche et 93 % qui se déclare catholique. En 2006 à Cracovie, le pape Benoît XVI appelait d’ailleurs les Polonais à ré-évangéliser l’Europe. Le Hongrois Viktor Orbán lui-même avait été très impressionné en 1987 par un voyage qu’il avait fait à Gdańsk, en Pologne, pour aller voir le pape Jean-Paul II avec ses amis de Solidarność. Impressionné par ce pape polonais, mais aussi par la dimension religieuse du combat de Solidarność contre la dictature socialiste.

Mille cinquante ans après le baptême de Mieszko Ier de Pologne et 26 ans après la chute des régimes communistes, le christianisme reste un élément constitutif majeur de l’identité nationale polonaise.

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Article publié le 15/04 dans le Visegrád Post, le site d’information sur l’Europe centrale d’un point de vue centre-européen.

 

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15 Comments

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  • professeur Tournesol , 16 avril 2016 @ 20 h 30 min

    Sur les autres points on peut critiquer saint Jean-Paul II, mais concernant l’excommunication de mgr Lefèvre et des 4 évêques par lui ordonnés, il s’agissait d’une excommunication automatique suite aux sacres illicites. Ces excommunications n’ont pas été invalidées par Benoît XVI mais levées, ce qui n’est pas la même chose.

  • professeur Tournesol , 16 avril 2016 @ 20 h 40 min

    Je n’aime pas cette manie de parler du baptême de la Pologne, de la Russie ou de la France. On baptise des personnes, pas des nations.
    Concernant la France, le cas est assez différent de celui de la Pologne : les gallo-romains n’ont pas attendu saint Remi et Clovis pour se faire baptiser, le christianisme s’est diffusé en Gaule dès le Ier siècle, et comme dans le reste de l’Empire romain, est devenu religion officielle sous Constantin, et religion obligatoire sous Théodose. Le baptême de Clovis a entraîné celui des Francs, ce qui a facilité l’union avec les gallo-romains. Par ailleurs on peut douter de la profondeur de la conversion de baptisés qui ne font que suivre l’exemple du roi.

  • françois pignon , 16 avril 2016 @ 22 h 59 min

    la différence c’est le choix individuel de croire ou non! Constantin Empereur Romain lui même baptisé que peu de temps avant sa mort , avait vu un signe du ciel , une croix lui est apparue signe qui lui a fait gagner selon lui la bataille. Ce n’est pas une conversion du cœur! mais effectivement il a imposé la religion Chrétienne dans son empire dont la Gaule à l’époque faisait partie. Mais ce n’est que bien plus tard que les hommes et femmes se sont convertis en conscience . Les rois étaient eux mêmes devenus Chrétiens en conscience se plaçaient sous la transcendance de DIEU . aujourd’hui en FRANCE , après avoir supprimé le ROI Chef de la Nation par la révolution sous couvert de la raison des lumières , nous avons voulu écarter l’église catholique religion d’état depuis des centaines d’années. Mais l’église ce n’est pas Dieu .le Vatican est devenu un état monarchique sacerdotal . Le message de Jésus CHRIST est lui toujours d’actualité. La FRANCE fille Ainée de l’église aura surement un rôle à jouer dans les temps difficiles qui viennent. soyez en sûr! dans votre cœur et dans votre esprit! N’ayons pas peur!

  • Olivier Bault , 16 avril 2016 @ 23 h 25 min

    Certes, et c’est d’ailleurs plus sous le fils du duc Mieszko Ier, le duc Boleslas Ier, devenu premier roi de Pologne en 1025, que le pays s’est christianisé.

  • Pascal , 17 avril 2016 @ 15 h 49 min

    On peut rajouter le calamiteux discours syncrétiste de Casablanca inspiré (voire écrit) par le Père Lelong, d’avoir tardivement prononcé du bout des lèvres le mot génocide pour les Arméniens sans lui conférer la solennité qui convient et pour l’attentat dont il fut la cible et à travers lui l’ensemble civilisationnel qui est le nôtre de ne pas avoir révélé au monde l’implication de l’Etat profond turc et d’avoir laissé se dérouler l’intox de la grotesque et pitoyable fable de la filière bulgare.

  • Charles , 17 avril 2016 @ 17 h 06 min

    Bien vu Pascal. Effectivement les gentils
    politiciens turcs sont mouillés jusque au cou
    dans cet attentat.
    Une série de témoins turcs ont “disparus” depuis.

  • Charles , 17 avril 2016 @ 17 h 08 min

    Ceci étant, les souffrances endurées par les polonais
    depuis 1920 constituent le summum de leur mémoire collective
    qui s’exprime de manière impressionnante dans leurs églises,
    y compris en 2016.

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