Sandrine Trouvelot présente dans Capital de novembre 5 “modes d’emploi” pour sortir de l’euro, “une hypothèse que l’on ne peut plus exclure” (Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CGPME). Premier scénario : la Grèce quitte la zone euro et revient à la drachme. Objectif : le retour à la croissance, qui passe par une restauration de la compétitivité des entreprises donc par une diminution des salaires ou par une dévaluation de la monnaie, hypothèse privilégiée. Problème : le montant des emprunts contractés en euros s’envolerait et l’Etat ne pourrait plus payer les fonctionnaires. Avec une industrie quasiment inexistante, la Grèce n’aurait pas grand chose à exporter et de toute façon, il est possible que la zone euro lui impose des droits de douane pour compenser la dévaluation. Une éventuelle sortie de la zone euro pourrait coûter à la Grèce jusqu’à 50% de son PIB… rien que la première année ! Deuxième scénario : l’Allemagne réintroduit le mark qui s’apprécierait alors rapidement par rapport à l’euro (au moins +30%, ce qui diminuerait d’autant la valeur des créances qu’elle détient sur le reste de l’Union européenne). Le géant s’en sortirait moins compétitif dans l’UE qui représente encore 60% de ses exportations. Sans parler des barrières douanières que pourraient élever certains voisins vengeurs… D’autres Etats du Nord suivraient sans doute l’Allemagne et la zone euro serait scindée en deux. Troisième scénario : la scission Nord-Sud. Tous les pays dont le déficit n’atteint pas 3% du PIB (Pays-Bas, Finlande, Belgique…) intégreraient une nouvelle zone “euromark”. C’est “l’issue la plus probable” selon Christian Saint-Etienne. Avec ses 5,7% de déficits, la France deviendrait le meilleur élève des mauvais élèves (la zone sud). Sans négociation d’un écart de change entre les deux monnaies, l’euro pourrait s’effondrer très rapidement face au mark. La France aurait alors intérêt à quitter le navire et à retrouver ses bons vieux francs… L’Italie et l’Espagne reviendrait sans doute très vite à la lire et au peso. Quatrième scénario : l’éclatement brutal de la zone euro. La Grèce quitte la zone euro et c’est au tour de l’Espagne et de l’Italie de poser problème. “Aucun fonds, aucun montage financier ne peuvent assurer le sauvetage de ce dernier pays”, prévient Patrick Arthus (Natixis). De quoi provoquer une panique générale et justifier la réimpression de francs par la Banque de France : “il suffirait d’un mois pour que les billets arrivent dans les distributeurs”, note le banquier d’affaire Philippe Villin. Le franc perdait sans doute 30% par rapport au mark, la drachme 70%… Cinquième scénario : la création d’un nouvel euro imposant aux pays membre de cette zone des règles budgétaires plus strictes. Problème : tout le monde voudra en faire partie. On prend les mêmes et on recommence ?