Une tribune de Thibault Doidy de Kerguelen*
Bankia est l’épiphénomène d’une crise profonde qui se joue en coulisse.
Il n’est pas du tout sûr que cela suffise à sauver la banque, mais, pour l’instant, la recapitalisation de Bankia, d’un montant de 4,5 milliards d’euros, a été approuvée par la Commission européenne.
Voici les termes du communiqué : « La Commission européenne a approuvé temporairement, dans le cadre des règles de l’UE sur les aides d’État, une augmentation de capital pour le groupe bancaire espagnol BFA, qui restaurera la situation capitalistique du groupe BFA et assurera son accès aux différentes sources de financement. Les autorités espagnoles se sont engagées à présenter un plan de restructuration à temps pour permettre à la Commission d’approuver le plan d’ici novembre 2012. »
Rappelons que l’Espagne vient d’adopter sa 3e réforme du secteur bancaire en un an, en échange du plan d’aide de l’Union européenne d’un montant maximum de 100 milliards d’euros. Gageons que ce n’est pas le dernier. Nous assistons à une vraie partie de bras de fer entre l’UE et le gouvernement espagnol. Bien que tous les responsables de l’Union européenne se succèdent à Madrid pour inciter, voire menacer le gouvernement le espagnol afin qu’il fasse officiellement sa demande d’aide, Mariano Rajoy tient bon. Il ne veut pas engager son pays dans la spirale récessionniste qui est en train de tuer la Grèce. Jouant sur plusieurs cordes à la fois, il tient bon dans son numéro d’équilibriste. Dans cette partie de bras de fer, les banques jouent un rôle capital. Si elles tombent, au vu de l’importance des sommes en jeu, le risque systémique sur l’ensemble du système bancaire européen est avéré. Pour les sauver, l’aide de l’UE est impérative. Alors s’engage le jeu de « je te tiens par la barbichette » entre l’UE et l’Espagne. D’un côté, je menace de laisser sombrer les banques (d’où l’attente si longue pour voir l’aide à Bankia annoncée alors que le principe et les fonds sont disponibles depuis deux mois) avec les conséquences que l’on connait, de l’autre je menace de ne pas aider si la demande officielle et la soumission à la troïka n’est pas actée.
Le plus drôle, c’est que tout le monde connaît l’issue de cette partie de poker menteur. Dans un premier temps, les conditions d’intervention de la troïka seront négociées. Dans un deuxième temps, une belle annonce de la demande officielle d’aide de l’Espagne. Dans un troisième temps, aide de l’UE, éventuellement via l’OMT. Dans un quatrième temps…
Enfin, « jusque là, tout va bien…”
*Thibault Doidy de Kerguelen est l’expert fiscaliste des Nouvelles de France. Il anime le site MaVieMonArgent.info.