Les journalistes de la BBC ne doivent pas qualifier Abou Qatada al-Filistini d’“extrémiste”. En effet, ce serait là un « jugement de valeur », estime la direction du groupe qui préconise également de “ne pas faire usage d’images qui suggèrent que le prédicateur est en surpoids”. En effet, Abou Qatada “a perdu beaucoup de poids” en prison. Ces instructions surréalistes ont été données mardi matin, lors d’une réunion en salle de presse présidée par un cadre de l’entreprise publique, Andrew Roy, a constaté The Daily Telegraph, qui a eu accès à des notes prises par des participants.
Maajid Nawaz, du think-tank “contre-extrémiste” Quilliam, a immédiatement dénoncé la “paralysie” de la BBC sur la question de l’islamisme. « Un radical est quelqu’un qui diffère de la norme. Un extrémiste est une personne qui opte pour des points de vue et des actions extrêmes, comme tuer des innocents” a-t-il expliqué. Le député conservateur James Clappison, un membre de la Commission des affaires intérieures, s’est quant à lui interrogé : “étant donnée les preuves de la dangerosité de cet homme, on se demande ce qu’il faut commettre pour être qualifié par la BBC d’extrémiste”.
Beeeeeeeeeb. Après les attentats du 7 juillet en 2005, la BBC avait demandé à ses journalistes d’éviter d’utiliser le mot « terroriste ». En effet, disait la note envoyée à chacun d’entre eux, « terroriste” est politiquement connoté et doit être utilisé uniquement “avec parcimonie ».
Abou Qatada, de son vrai nom Omar Othman, est jugé “extrêmement dangereux” par l’ancien ministre de l’Intérieur, David Blunkett.
Ayant payé sa caution, il quittera la prison de Long Lartin (Worcestershire) lundi 13 février et doit être placé en liberté conditionnelle. Assigné à résidence, Abou Qatada est soumis à un contrôle de ses visites et a le droit d’accompagner un de ses enfants à l’école. Risqué au vu du “risque posé pour la sécurité du Royaume-Uni”, juge le ministre de l’Intérieur Theresa May pour qui “la place d’un terroriste étranger [est] derrière les barreaux d’une prison étrangère”. Pour le député travailliste Geraint Davies, Abou Qatada est “un homme vraiment dangereux” : il “errera dans les rues de Londres avec son téléphone mobile et l’accès à Internet”, ce « juste avant les Jeux olympiques”, s’alarme-t-il. « Nous faisons tout notre possible pour le faire sortir du pays” et le renvoyer en Jordanie où il est accusé d’être impliqué dans les attentats perpétrés en 1998 à Amman, a tenté de rassurer le Premier ministre David Cameron. La Cour européenne des droits de l’homme a estimé le 17 janvier dernier que l’extradition de celui que l’on surnomme parfois l’“ambassadeur d’Oussama Ben Laden en Europe” violait ses droits à un procès équitable car des preuves obtenues sous la torture pourraient être retenues contre lui. Et si aucune garantie sur son extradition n’est obtenue dans les trois mois, il ne sera “plus possible de justifier les restrictions actuelles à sa liberté”, a déjà prévenu la justice anglaise.
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