Le Zemmour du vendredi. “Ahhh, c’était quand même le bon temps, la campagne. On pouvait dire n’importe quoi, on pouvait dire toutes les bêtises qu’on voulait, qu’il n’y avait pas de problème de coût du travail en France, qu’avec un peu d’innovation, on restaurerait la compétitivité de l’industrie française. On pouvait refuser avec hauteur la TVA car c’était un impôt injuste. On pouvait dire qu’on ne s’en prendrait qu’aux riches, qu’il n’y avait pas de crise, que tout était la faute de Sarkozy… On pouvait même dire qu’on renégocierait le traité budgétaire. C’est dire si on pouvait dire n’importe quoi, c’est dire si c’était le bon temps. Quelques mois plus tard, tout cela paraît si loin. Notre Président n’a plus, devant lui, que des mauvaises solutions : s’il ne touche pas aux charges sociales, il fragilise nos entreprises dans la compétition mondiale. S’il les baisse, il doit augmenter les impôts alors qu’il a déjà eu la main lourde. S’il augmente la CSG, il touche les petits salaires et met en danger la consommation. Et donc notre croissance, déjà poussive. S’il choisit plutôt la TVA, il atteint enfin ses importations qui nous font tant de mal mais il se renie et fait du Sarkozy. Que des mauvaises solutions, on vous dit. Hollande et son gouvernement, et sa majorité, se divisent car rien ne s’imposent à eux. Tout choix a des inconvénients qui paraissent supérieurs aux avantages. Ils ne savent pas quoi faire…
Comme Sarkozy, Hollande est tétanisé à l’idée qu’on puisse dire qu’il a mis en danger la construction européenne.
Les chiffres de notre déficit commercial, énormes, montrent pourtant que nous avons un problème de compétitivité. Jadis, c’était simple. On avait les moyens de colmater ces brèches : on augmentait les droits de douane sur les produits importés et si ce n’était pas suffisant, on dévaluait notre monnaie. Comme si on baissait les revenus des salariés… mais personne ne s’en rendait compte sauf quand on prenait ses vacances à New York ou quand on payait son pétrole. On n’est pas obligé de prendre ses vacances à New York… Mais voilà, François Hollande, en dépit de ses déclarations alambiquées sur le juste échange, pour faire plaisir à Montebourg, n’a jamais eu l’intention de se faire le héraut d’un protectionnisme même intelligent. Pas plus qu’il n’a songé ne serait-ce qu’une seule seconde à remettre en cause l’euro qui est pour lui aussi sacré que les Évangiles pour le Pape. Comme Sarkozy, Hollande est tétanisé à l’idée qu’on puisse dire qu’il a mis en danger la construction européenne. Pour restaurer notre compétitivité, sans protectionnisme, sans dévaluation, sans TVA, sans hausse des impôts ni baisse des charges sociales, il ne reste qu’une solution : baisser les salaires. Ne riez pas, c’est ce qu’ont fait les Grecs et les Espagnols. On n’en est pas là, pas encore. En attendant, il faudra subir une nouvelle hausse d’impôts. On n’y coupera pas. Il y a quinze ans, François Hollande, cruel, avait jugé qu’Alain Juppé incarnait physiquement l’impôt. Qu’incarne-t-il, désormais, François Hollande ?”
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