Le Zemmour du mardi. “L’idiot du village, vous savez, c’est celui qui ne comprend rien, dont les autres se payent la tête, qui se croit flatté quand il est moqué, qui se croit loué quand il est trompé. Et bien, l’euro, c’est l’idiot du village planétaire. Depuis des mois, tous les grands banquiers centraux de la planète, l’Américain, le Chinois, l’Anglais, le Japonais, le Brésilien… sont à son chevet. On les comprend : l’euro est leur jouet docile. Il descend lorsqu’ils ont décidé de faire monter leurs taux de change et il monte quand ils ont décidé de baisser leur monnaie. L’euro est la variable d’ajustement du système monétaire international. Pour relancer leur économie, dynamiser leurs exportations et réduire leur chômage, tous les grands pays ont décidé de dévaluer leur monnaie, massivement. Le yen, la livre sterling, le dollar, le yuan plongent… et l’euro monte, le brave benêt. Toutes ces monnaies se livrent une guerre sans merci, mais à Francfort, on ne bouge pas. Mario Draghi, qui passe pour un génie parce qu’il a redécouvert la planche à billets, laisse l’euro monter au ciel, sans ciller.
“Les Français s’accrochent à l’Allemagne, car c’est la garantie de notre puissant voisin qui nous permet d’emprunter à des taux ridiculement bas.”
Pierre Moscovici, le ministre des Finances français, s’arrache les derniers cheveux qu’il lui reste en calculant ce que la hausse de l’euro coûte à nos ultimes industries exportatrices comme l’aéronautique, mais ne peut que regarder passer les trains. La banque centrale européenne est indépendante, contrairement à la banque d’Angleterre, à la banque du Japon et même, à la vérité, à la banque des États-Unis. Seule la BCE a pris au sérieux les déclarations de vertu. C’est que l’Allemagne y tient. La force de l’euro, elle, ne la dérange pas. D’abord, les Français et les Italiens ne peuvent plus la concurrencer en dévaluant. Et puis, les automobiles germaniques sont en grande partie fabriquées dans l’Europe centrale, hors zone euro. Et puis, les Chinois achètent à n’importe quel prix ces magnifiques limousines qui sont, pour eux, des signes de leur nouveau standing. Les Allemands sont une nation vieillissante qui veut, avant tout, sauvegarder ses retraites. L’euro fort payera leurs croisières sur les côtes méditerranéennes où il n’y aura bientôt plus que des pays sans usine : des paradis pour touristes. Le couple franco-allemand est encore célébré mais ne regarde plus dans la même direction. Les Français s’accrochent à l’Allemagne, car c’est la garantie de notre puissant voisin qui nous permet d’emprunter à des taux ridiculement bas. Mais l’Allemagne nous soutient comme la corde soutient le pendu. Nos experts patentés, qui passent leur temps à annoncer le retour des années 1930, ne voient pas qu’on y est à plein. Après la crise de 1929, tous les grands pays s’engagèrent dans une folle guerre des monnaies, dévaluant à tour de bras. Les seuls qui refusèrent de dévaluer furent les Français. À l’époque, nous nous accrochions aux vestiges de l’étalon-or, qui avait fait notre prospérité avant la Première guerre mondiale. Les Français ont le don de se vouer à des chimères idéologiques. Ils ne font pas d’économie, mais de la politique. Ils ne savent pas compter mais savent parler. L’étalon-or a aujourd’hui été remplacé par l’euro. Encore un mythe politique auquel on sacrifie notre économie.”
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