Seul le vice-chef du « Bureau de Protection du Gouvernement » aura à répondre des erreurs commises par les autorités polonaises dans l’organisation du voyage de l’avion du président Lech Kaczynski et de sa délégation à Katyń le 10 avril 2010.
En effet, alors que le parquet avait décidé en juin de traduire en justice le général Pawel Bielawny qui avait été mis en examen en février dernier pour les négligences commises dans la préparation de la protection rapprochée du président Kaczynski lors de son voyage tragique à Katyn, ce même parquet vient, après deux ans et trois mois, d’abandonner l’enquête à l’encontre des membres du gouvernement de Donald Tusk responsables de l’organisation du voyage.
Pétition pour une enquête internationale
L’opposition et les familles des victimes ne décolèrent pas et promettent de nouvelles plaintes.
Parallèlement, une pétition est en cours sur le site de la Maison Blanche pour demander au président Obama de prendre position en faveur de la mise en place d’une commission d’enquête internationale afin de faire le clair sur les causes de la catastrophe, toujours pas élucidées.
Outre les expertises de la commission d’enquête parlementaire mise en place par le parti du défunt président Lech Kaczynski et de son frère jumeau Jaroslaw qui, il y a plusieurs mois déjà, montraient qu’il a pu s’agir d’un attentat, une nouvelle expertise (lien en anglais) d’un scientifique américain d’origine polonaise et ingénieur chez Boeing est venue remettre en cause la version officielle sur la base des dommages visibles sur les photographies et descriptions publiées sur Internet et dans les rapports officiels russe et polonais et a mis une fois de plus en évidence les contradictions contenues dans ces rapports.
Encore une exhumation en vue
De son côté, le fils de la légende de Solidarnosc Anna Walentynowicz, qui a elle aussi trouvé la mort dans la tragédie de Smolensk, a officiellement demandé au parquet que le corps de sa mère soit exhumé et autopsié en Pologne car le rapport d’autopsie russe contiendrait selon lui de nombreuses contre-vérités comme c’était déjà le cas pour les trois corps déjà exhumés en Pologne et pour lesquels les médecins légistes polonais ont montré que les rapports autopsies russes avaient été en partie inventés de toutes pièces, comme le clamaient les familles. Depuis le rapatriement des corps en avril 2010, le pouvoir polonais interdit aux familles, à la demande de la Russie, de faire exhumer et autopsier les corps de leurs proches en présence de médecins légistes indépendants, ce qui alimente encore plus les soupçons.
L’attitude suspecte des autorités polonaises
Une autre source de soupçons face à l’attitude du gouvernement polonais, c’est le rejet répété par les autorités polonaises des offres d’aide formulées par le gouvernement américain et l’OTAN pour enquêter sur les causes de la catastrophe. Ce refus polonais a d’ailleurs été officiellement confirmé en mai par la partie américaine, par la bouche de Ben Rhodes du Conseil de sécurité nationale américain. Ceci alors que le Tupolev du président Kaczynski transportait les chefs des trois armées polonaises qui font pourtant partie de l’OTAN et qui avait la particularité encore rare à ce niveau de responsabilité des forces armées polonaises de ne pas avoir été formés en Union soviétique. Selon l’opposition conservatrice polonaise, leur disparition et le retour en grâce, auparavant bloqué par le très atlantiste président Kaczynski, des officiers anciennement proches du pouvoir communiste font peser d’énormes risques d’infiltration de la défense polonaise par les services secrets russes et pourraient remettre en cause la fiabilité de la Pologne aux yeux de ses partenaires de l’OTAN.
Un Polonais sur quatre croit désormais à la thèse de l’attentat
Un récent sondage réalisé en juin montre d’ailleurs que plus de la moitié des Polonais considèrent que leur gouvernement n’a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour éclaircir les causes de la tragédie de Smolensk. Les deux tiers pensent que les Russes cachent certaines choses et un quart des personnes interrogées croient qu’il y a peut-être eu attentat, une proportion qui ne cesse d’augmenter depuis deux ans.
Même chez les partisans du parti libéral au pouvoir, seul un petit tiers pensent que leur gouvernement a tout fait pour connaître les causes de la catastrophe et plus de la moitié doutent de la bonne foi de la Russie.
De notre envoyé permanent en Pologne.
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