C’est en juillet que l’affaire a éclaté mais je n’en trouve trace sur les sites des médias français. Pourtant des journaux suisses et italiens ont évoqué la tragédie de Pietro D’Amico, cet ancien magistrat de Catanzaro, en Calabre, qui a mis fin à ses jours avec l’aide de l’entreprise suisse d’aide au suicide Eternal Spirit Life Circle alors que son diagnostic de maladie incurable était erroné.
Ainsi, la Tribune de Genève rapportait le 15 juillet dernier dans cet article que la fille de Pietro D’Amico, Francesca, avait appris en avril la mort de son père, qui souffrait de dépression, par un coup de fil depuis la Suisse : « Votre père est mort ce matin. Il a bénéficié du suicide assisté. Il allait très mal et il voulait s’en aller. ». Le problème, c’est que l’autopsie du défunt a révélé qu’il se portait bien mieux que ne le laissaient croire les certificats médicaux italiens présentés à la « clinique » d’Eternal Spirit Life Circle. Le problème, c’est aussi que la législation suisse exige que le diagnostic de maladie incurable en phase terminale des candidats au suicide soit confirmé par deux médecins suisses indépendants. Or l’un des deux médecins ayant confirmé le diagnostic n’était autre que la fondatrice de l’entreprise d’aide au suicide qui lui a vendu ses services. Il s’agit de la doctoresse Erika Preisig qui a quitté Dignitas en 2012 pour fonder son enseigne concurrente. Il faut croire que l’aide au suicide devient une véritable industrie en Suisse même si les entreprises présentes sur ce marché se font passer pour des associations. Une industrie lucrative (le fondateur de Dignitas, Ludwig Minnelli, a fait fortune en aidant les gens à se suicider) et de surcroît exportatrice.
Après avoir frappé sans succès à la porte de Dignitas qui, d’après la Tribune de Genève, n’accepte d’assister dans leur projet « que » 40 % des candidats au suicide, le magistrat dépressif a donc pu exaucer son vœu le 11 avril 2013 dans le cabinet de l’Eternal Spirit Life Circle à Bâle. Il a lui même activé la perfusion de pentobarbital de sodium combiné à un puissant somnifère qui a mis fin à ses jours. La famille du magistrat veut maintenant se battre pour faire punir les coupables de la mort de leur proche. La fille de Pietro D’Amico, citée par la Tribune de Genève : « Mon père était dépressif à phase alternée mais pas incurable. Il fallait l’aider à vivre, pas à mourir. »
Capture d’écran d’un article du Corriere della Sera
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