Dans Bernadette et Jacques, Candice Nedelec, chef de rubrique politique au magazine Gala, raconte comme un roman la vie du couple Chirac et ses ressorts.
Ils ont du se battre pour être ensemble
Lorsqu’ils se rencontrent à Sciences Po, l’histoire de Jacques et Bernadette n’est pas écrite d’avance. Car mademoiselle Chodron de Courcel, élevée dans la grande bourgeoisie catholique semble bien éloignée de Jacques, fils d’un employé de banque provincial, qui finira par gravir les échelons de la société un à un. Les parents de Bernadette «restent convaincus que leur fille trahit son rang en se commettant avec ce jeune homme sans titre», explique Candice Nedelec. Alors Jacques livre non seulement une cour effrénée à sa belle, mais tente aussi de séduire ses parents par tous les moyens.
Sans elle, il n’aurait pas été l’homo politicus qu’il a été
Bernadette a toujours été l’alliée de la carrière de Jacques. Déjà à Sciences Po, elle rédigeait des fiches de synthèses de cours pour lui, qu’il s’appropriait ensuite pour briller! Mariée, «elle sacrifie sans états d’âme son existence à son fiancé», souligne l’ouvrage. Conseillère en image, observatrice fine de la vie politique, Bernadette le guide dans son inexorable ascension politique. Elle «est avant tout la personne miroir à laquelle Jacques peut se confier sans crainte», analyse la journaliste. Elle est «son point d’ancrage quand les marées de la vie professionnelle le surprennent et que les aléas de l’existence le frappent». «Le regard bienveillant de son épouse a toujours été un moteur. Elle a toujours été là pour l’aider à repousser les limites, à bousculer les doutes, à balayer les adversaires» souligne encore l’auteur.
Il l’a trompée à de multiples reprises
Etudiant, Jacques papillonnait déjà et ce comportement de coureur ne l’a jamais quitté. «Butiner d’une fleur à l’autre est un exercice quasi pavlovien dans lequel il excelle», décrit poétiquement Candice Nedelec. La réalité l’est moins car selon l’auteur, le jour de son mariage Chirac joue les jolis cœurs avec l’une de ses convives. A sa femme qui le lui reproche, il rétorque: «Si vous n’êtes pas contente, demandez le divorce». De Marie-France Garaud, à Jacqueline Chabridon, en passant par Michèle Barzach, Elisabeth Friederich et Claudia Cardinale, Bernadette supporte toutes ses incartades, même si elle le menace à plusieurs reprises de divorcer. Mais il conservera pour elle toujours pour elle affection et respect.
Un couple uni par la maladie de leur fille
Leur ainée, Laurence, est anorexique et fait plusieurs tentatives de suicide. Le couple garde le secret de cette douleur longtemps et se bat pour tenter de vaincre les démons de leur fille. «Bernadette se réfugie dans la prière, Jacques comme toujours dans l’action», raconte l’ouvrage. Mais jamais l’homme politique ne passera devant le père. Et Chirac n’hésitera pas à repousser des déjeuners pour se rendre au chevet de sa fille et Bernadette sollicitera tous les plus grands spécialistes pour tenter de trouver un remède au mal-être de sa fille. C’est aussi ensemble qu’ils affronteront la sordide rumeur de la mort de leur fille, qui leur vaudra des monceaux de lettres de condoléances.
Leur rapport de forces s’est inversé avec le temps
Si Bernadette a été soumise et discrète au début de leur union, elle finit par prendre sa revanche. Lorsque son mari devient maire de Paris, elle «s’empare des affaires sociales» de la ville et devient visible. Son élection en tant que conseillère générale de Corrèze en 1979 sonne l’heure de son émancipation. «Son nouveau statut d’élue lui donne de l’épaisseur», souligne Candice Nedelec. Elle occupe le terrain caritatif avec brio, publie ses mémoires et soutient même Nicolas Sarkozy, contre l’avis de Chirac. «Elle ne lui demandera désormais plus l’autorisation de s’exprimer», analyse Candice Nedelec. Et alors que le rythme de vie de son mari s’étiole avec la maladie, celui de Bernadette s’accélère. Maîtrisant à la perfection l’art de la communication, c’est désormais elle qui occupe la scène médiatique.
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