Abbaye bénédictine fondée en 727 par saint Pirmin, évêque missionnaire dans la haute vallée du Rhin, l’abbaye de Murbach a obtenu au cours des siècles de nombreux privilèges qui lui permirent de se développer en Alsace et même au-delà. L’abbatiale romane, dont il ne reste plus que le chevet et le transept, fut construite au XIIe siècle avec un décor d’influence lombarde et byzantine. Au début du XVIIIe siècle, les religieux entreprirent de reconstruire l’église. Les crédits manquant, les religieux en profitèrent pour demander le transfert de l’abbaye à Guebwiller. Ils obtinrent leur sécularisation en 1759 et les vestiges de l’abbatiale furent transformés en église paroissiale. Aujourd’hui, seuls le choeur et le transept subsistent mais la façade de ce bâtiment niché au creux d’un vallon reste très impressionnante.
La générosité du comte Eberhard, frère du duc d’Alsace, en fit l’abbaye la plus riche d’Alsace. Possédant une des plus belles bibliothèques de la région à l’époque carolingienne, Murbach fut un foyer culturel et spirituel important.
L’abbé était prince d’Empire depuis le début du XIIIe siècle. Il dirigeait un petit état féodal, centré sur les vallées de Guebwiller et de Saint-Amarin. Au XIVe siècle, les religieux furent recrutés dans la noblesse exclusivement : il fallait prouver 16 quartiers de noblesse pour être admis dans l’abbaye. A partir de cette époque, les moines ne sont plus qu’une douzaine, issus des meilleures familles de la région. Protégée par les Habsbourg, l’abbaye demeure au XVIe siècle un bastion catholique et expulse ses sujets protestants.
En 1680, Murbach est annexée par le royaume de France, contre l’avis des religieux qui souhaitaient rester sujets de l’Empire. Au début du XVIIIe siècle, les moines font rebâtir le cloître et veulent achever cette campagne de reconstruction par la rénovation de l’église en style baroque. Mais le chantier commencé en 1738 avec la démolition de la nef, est interrompu dès l’année suivante. Finalement l’abbaye obtient le transfert à Guebwiller en 1759, où les religieux font construire l’église Notre-Dame et un bel ensemble résidentiel à l’entour. Le site abandonné est en partie démoli, en vue de récupérer des matériaux de construction. Seuls subsistent le choeur et le transept de l’ancienne abbatiale, ainsi que la porterie du monastère.
L’ancienne abbatiale Saint-Léger est l’un des chefs d’oeuvre de l’art roman en Alsace, édifié au courant du XIIe siècle. Avec son chevet plat et ses deux hautes tours, elle demeure le symbole de la puissance de l’abbaye. L’architecte anonyme s’est certainement inspiré des grandes cathédrales rhénanes comme Worms ou Spire. A voir le décor étonnant du chevet, avec sa fausse galerie à 17 colonnettes dissemblables. A l’intérieur, on trouvera le tombeau des 7 moines assassinés par les Hongrois en 926 et le tombeau du comte Eberhard.
La chapelle Notre-Dame de Lorette, édifiée en 1693, a conservé son décor d’origine. Elle offre un panorama exceptionnel sur l’ancienne abbatiale.