Sexting et dédipix

Un billet d’Isabel Orpy

Sexting et dédipix… Le cybersexe est hélas devenu très courant chez les adolescents. De nouvelles tendances qui peuvent avoir des conséquences nocives voire destructrices !

Sans réfléchir aux conséquences, de plus en plus de jeunes gens utilisent leur corps pour transmettre un message via le Net.

Le web a bouleversé les échanges amoureux… Si dans la vie non virtuelle, les ados restent pudiques, sur la toile, certains exposent leur intimité, sans avoir conscience des risques encourus et de l’escalade vers le trash.

Le déshabillage en ligne ou sexting, une pratique très tendance

Par exemple, un garçon demande à une fille de photographier ses seins. Elle le fait par défi ou amour et ce peut être son premier pas vers un engrenage infernal… Le destinataire menaçant de rendre cette photo publique si la jeune fille ne lui en envoie pas d’autres, plus osées ou plus pornographiques. Il peut aussi s’agir d’une vengeance après une rupture….

Parfois, le chantage peut aller encore plus loin avec des demandes d’attouchements précis devant une webcam ou la caméra d‘un portable.

Le plus souvent, la photo est en fait réexpédiée à un copain qui la renvoie à un copain, etc., et fréquemment, elle est diffusée à un maximum de gens… faisant de la jeune fille la risée d’un groupe ou de son collège, avec les conséquences inhérentes, ayant conduit certaines d’entre elles jusqu’au suicide.

Nombre d’enquêtes démontrent qu’un pourcentage important d’adolescents ont déjà envoyé ou reçu des images intimes.

Avant les ados lisaient en cachette des revues porno ou regardaient des CD, désormais… La diffusion de ce type de photos serait devenue un véritable marché noir, certaines se revendant par abonnement hebbdomadaire à 2 euros.

Dédipix ou la notoriété par la dédicace

Apparue depuis quelques mois sur les blogs d’adolescents, il est une autre mode malsaine et inquiétante : le dédipix ou dédicace en image.

La pratique consiste à écrire son prénom ou une envie, avec un gros marqueur, sur une partie de son corps et de poster la photo de ce «tatouage» sur le blog d’un autre internaute. L’heureux destinataire offre alors, selon l’intérêt reconnu à cette dédicace, des commentaires sur le blog du « dédipixé ». Le nombre de commentaires d’un blog étant l’ultime mesure de la notoriété juvénile, plus la partie du corps photographiée est intime, plus la photo est osée… plus cela engendre de réactions. Le must étant l’exposition des seins, fesses, cuisses, etc, dans des positions suggestives, pouvant donner lieu à des dédicaces parfois grivoises, voire humiliantes, car plus la photo est audacieuse, plus grandes sont les chances qu’elle engendre de nombreux commentaires.

De plus, certaines de ces photos peuvent être détournées par quelques araignées, bien embusquées, de la toile pour alimenter le très fructueux marché de la pédophilie. Il convient donc que des ados avides de popularité se méfient d’annonces, souvent rédigées en langage SMS, sur des blog hébergés par des plate-formes très en vogue, du type (après traduction) :

« Tu est belle gosse ou moche ? Tu te sens prête à relever ce défi ? Tu as confiance en toi ? Tu veux que je poste une photo de toi avec un lien ou contre des commentaires ? L’offre du moment est de 75 commentaires pour une dédicace sur la main, 80 sur la cuisse. 100 sur le ventre. 200 sur la poitrine et 300 sur la fesse.

Prévenir et protéger ?

Officiellement, la fabrication, détention, consultation d’images pornographiques avec des mineurs est interdite. Même dans l’hypothèse où le garçon et la fille sont, tous les deux consentants, la diffusion d’images considérées comme “pédo-pornographiques” est interdite et punie par la loi*.

Toutefois, en pratique, le phénomène prend de l’ampleur et ce ne sont pas quelques plaintes et autres admonestations policières qui ont enrayé ce processus croissant.

Ainsi les pratiques du sexting et dédipix mettent-elles en exergue la question essentielle de la gestion de l’image personnelle des adolescents sur Internet.

Hélas, une image ne disparait jamais du web et des réseaux sociaux. Potentiellement, elle risque de réapparaître tout le temps…

Bien qu’alertés, certains ados ne résistent pas à la tentation. Ils sont à l’âge de la transgression et en quête permanente d’autonomie. À quinze ans, il est impensable d’imaginer que ses amis ou son amoureux vont trahir, on vogue dans le quasi éternel…

Selon les spécialistes mieux vaut être pragmatique plutôt, que de mener des combats perdus d’avance, ils incitent les ados accros au sexting ou au dédipix à appliquer une règle photographique simple : séparer le corps et la tête et surtout, utiliser une application comme Fancy Snap, permettant d’envoyer des images s’autodétruisant après quelques secondes, le destinataire n’ayant même pas besoin d’avoir l’application pour voir la photo.

Ainsi dédipix et sexting interrogent-ils sérieusement les limites que certains jeunes bloggeurs sont prêts à franchir, mettant en exergue l’impératif de l’apprentissage de la gestion de l’image sur le web dès l’enfance.

Avis aux parents !

* Article 227-23 du Code Pénal: «Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 Euros d’amende. Le fait d’offrir, de rendre disponible ou de diffuser une telle image ou représentation, par quelque moyen que ce soit, de l’importer ou de l’exporter, de la faire importer ou de la faire exporter, est puni des mêmes peines. Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 Euros d’amende lorsqu’il a été utilisé, pour la diffusion de l’image ou de la représentation du mineur à destination d’un public non déterminé, un réseau de communications électroniques. La tentative des délits prévus aux alinéas précédents est punie des mêmes peines. Le fait de consulter habituellement un service de communication au public en ligne mettant à disposition une telle image ou représentation ou de détenir une telle image ou représentation par quelque moyen que ce soit est puni de deux ans d’emprisonnement et 30000 euros d’amende. Les infractions prévues au présent article sont punies de dix ans d’emprisonnement et de 500 000 Euros d’amende lorsqu’elles sont commises en bande organisée. Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d’une personne dont l’aspect physique est celui d’un mineur, sauf s’il est établi que cette personne était âgée de dix-huit ans au jour de la fixation ou de l’enregistrement de son image.»

* Article 227-24 du Code Pénal: «Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur.»

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1 Comment

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  • Goupille , 1 novembre 2012 @ 18 h 17 min

    Où sont les parents ?
    Où est l’école ?
    Où sont les curés ?

    Flaques.

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