Si le « mouvement de foule » du 14 août 2016 à Juan-les-Pins n’en était pas un?

 

Je suis une lectrice régulière de votre site. Je suis également journaliste, mais je vous écris aujourd’hui en tant que victime. Victime du « mouvement de foule » survenu à Juan-les-Pins, dimanche 14 août. Je me permets de vous solliciter afin de vous interpeler sur certains faits qui se sont produits ce soir-là, et dont personne ne parle. Je ne suis pas du genre à créer des polémiques ou des scandales, et j’ai toujours eu, jusque-là, confiance en l’Etat français. Mais je crois désormais que nous sommes au coeur d’une manipulation politico-médiatique, du moins, en ce qui concerne l’événement de Juan-les-Pins.

Aussi, je voudrais vous livrer mon modeste témoignage, le plus objectivement possible, afin de vous laisser libres juges. Voici mon récit :

« Soudain, j’ai vu des gens courir en provenance de la plage ou du casino »

Dimanche 14 août, j’étais à Juan-les-Pins avec mes parents et ma sœur. Il était 22h et nous cherchions un restaurant du centre-ville où dîner. Il faut savoir que tous les dimanches soirs, la ville est envahie par des touristes du Koweït qui viennent investir tous les restaurants et le casino pour la soirée, avant de regagner leurs yachts. De ce fait, nous nous sommes faits refouler de plusieurs restaurants, les tables étant prioritairement réservées aux koweïtiens, qui dépensent bien plus au restaurant que nous.
Nous avons finalement pu prendre place à la terrasse d’un restaurant dont le personnel était très aimable. Nous avons passé notre commande. J’étais assise face à la rue. La rue bondée, et très animée. Soudain, j’ai vu des gens courir en provenance de la plage ou du casino (proche de la plage). Sur le moment, je n’ai pas réalisé. Je me suis dit « qu’est-ce qui se passe ? » et je n’ai pas bougé.
Deux secondes plus tard, alors que les gens couraient déjà, j’ai entendu un coup de feu. Un vrai coup de feu comme on en a entendu aux informations lors des attentats du Bataclan. Et là, j’ai compris.
Je me suis jetée à terre immédiatement, sans regarder derrière moi, sans crier.

J’ai fermé les yeux et je me suis dit « voilà, c’est ici que je vais mourir »

Des choses me sont tombées dessus, des tables, des chaises, peut-être des gens… je ne sais pas. C’est allé trop vite. J’ai fermé les yeux et je me suis dit « voilà, c’est ici que je vais mourir, c’était ça mon destin, c’est comme ça que ça va se finir ». Je n’avais pas peur, j’étais résignée. Je savais que ça pouvait arriver, et c’est arrivé. Je n’attendais plus que quelqu’un vienne m’achever.

J’ai regardé mes jambes, elles étaient en sang

Et puis, j’ai senti quelqu’un soulever les objets au-dessus de moi, et essayer de m’attraper. J’ai rouvert les yeux. Un homme me tirait. Il me disait de venir me réfugier au fond du restaurant. Il m’a relevée une fois. Je suis tombée. Il m’a relevée une deuxième fois. Je l’ai suivi. J’ai regardé mes jambes, elles étaient en sang. Il y avait des éclats de verre et du sang partout.

Au fond du restaurant, j’ai retrouvé mes parents et ma sœur indemnes. Les gens criaient, pleuraient. Il y avait du sang partout.

Le serveur ainsi qu’une serveuse ont désinfecté mes plaies et ont mis des serviettes sur mes jambes. Ils disaient « ne criez pas, il ne faut pas qu’il nous entende ». On a attendu dans la panique totale.

D’autres victimes m’ont donné de l’eau, des mouchoirs… Les gens étaient gentils, bienveillants. Il ne faut pas croire que dans ces moments-là, c’est « chacun pour soi ». Cette expérience m’a prouvé le contraire, à mon grand étonnement.

Puis, les secours sont arrivés. Un bruit a circulé aussitôt que la police est arrivée : « vous ne risquez rien, c’étaient des pétards ».

A partir de ce moment-là, tout le monde s’est mis à croire que c’étaient des pétards. Pourtant, les gens autour de moi en étaient aussi persuadés que moi : ils avaient bien entendu des coups de feu.

Les pompiers et le SAMU ont été extrêmement efficaces, et rapides.

Ils ont trié les blessés, nous ont collé des étiquettes avec notre identité. C’était très bien organisé.

J’ai vu un homme faire un arrêt cardiaque,
Une femme enceinte faire une hémorragie,
J’ai vu des malaises, des fractures, des civières, des couvertures de survie et beaucoup, beaucoup de sang.
Une scène d’horreur comme on en voit à la télé.

Pour la plupart des médias, qui relaient les fausses informations de la police, il y a eu « une quarantaine de blessés légers ». Je pense que c’est largement sous-estimer la réalité. Toujours est-il que la police interdisait aux témoins de filmer la scène (qu’en est-il du droit à l’information ?)

En attendant toujours les pompiers, j’ai entendu les autres victimes qui racontaient ce qu’elles avaient vécu.

La plupart des personnes à qui j’ai parlé étaient d’accord avec moi sur un fait : elles avaient bien entendu des coups de feu.

Les témoignages divergeaient. On parlait d’un moteur de 4X4, on évoquait des pétard, ou encore un homme qui serait rentré dans le casino une arme à la main. On a aussi entendu parler d’un homme qui aurait crié « allah akhbar » et qui se serait immédiatement fait tuer par les militaires (nombreux dans la ville).

Des gens m’ont dit « j’ai couru vers la sortie de secours en pensant que j’allais me prendre une balle dans le dos ». Mais la plupart des personnes à qui j’ai parlé étaient d’accord avec moi sur un fait : elles avaient bien entendu des coups de feu.

J’ai été prise en charge par les pompiers qui m’ont conduite à l’hôpital de Nice. Je voudrais souligner le professionnalisme du C.H.U Pasteur 2.

Toute la nuit, jusqu’au lendemain matin, ils m’ont retiré des bouts de verre partout. Ils m’ont fait une trentaine de points de suture, dans les deux jambes et au bras droit.

 Le jeudi suivant, je me suis rendue au commissariat d’Antibes afin de faire une déposition.

J’ai appris par la même occasion que le commissariat avait entendu une trentaine d’autres témoins.

Le brigadier qui m’a reçu était compréhensif, mais alors qu’il me faisait relire ma déposition, un autre officier de police est arrivé (son supérieur je crois), et, sur un ton extrêmement désobligeant, a déclaré : « C’est pour Juan-les-Pins ? Vous fatiguez pas, ce sera classé sans suite. Ce sera classé sans suite parce qu’il ne s’est strictement rien passé. »

Je lui ai répondu que je ne pensais pas qu’il ne se soit rien passé.

Il m’a répondu : « Il ne s’est strictement rien passé, c’était un moteur de voiture cylindrée bloquée derrière un bus à l’arrêt. »

Je lui ai dit « ce n’était pas du tout un bruit de moteur, donc j’ai du mal à y croire », et il a conclu, avec une agressivité que je tiens à souligner : « il faudra bien pourtant ».

Voilà ce qui m’ennuie :

Pourquoi la police, qui prétendait que c’étaient des pétards, a subitement changé de version pour dire que c’était un moteur de voiture ?
Pourquoi le policier était-il mal à l’aise sur ce sujet au point d’en devenir agressif et de vouloir me décourager de porter plainte ? Comme si le débat était absolument clos !
Le bruit n’était absolument pas un bruit de moteur, ni de pétard, mais bien un bruit saccadé, comme deux ou trois brefs coups de mitraillette
Cette théorie n’explique absolument pas pourquoi les gens se sont mis à courir AVANT le retentissement du bruit. On ne court pas avant l’explosion d’un pétard, ni avant d’entendre le moteur d’une voiture, ça n’a aucun sens.
Voilà. J’espère que, comme moi, votre curiosité sera éveillée par certains « détails » de cette affaire, et que cela vous poussera, dans l’idéal, à mener une enquête.

Conclusion :

Dreuz n’a pas de contacts en France. Nous faisons donc un appel à témoin. Si vous avez été témoin direct ou victime de ce « mouvement de panique », contactez-nous. Votre anonymat sera strictement préservé.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ariane P.* pour Dreuz.info.

* Nom modifié pour la circonstance.

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