La terre tremble encore dans le centre de l’Italie, théâtre du séisme qui, le 24 août dernier, a ravagé les localités d’Accumoli, d’Amatrice et d’Arquata del Tronto à quelque 150 kilomètres de la capitale. Le pays, au carrefour des grandes plaques tectoniques eurasienne et africaine, s’érige entièrement sur une zone sismique et est donc particulièrement vulnérable : les tremblements de terre meurtriers ont lieu en moyenne tous les cinq ans.
Les premières normes antisismiques ont été adoptées en 1974, mais dans un territoire peuplé depuis le néolithique, les édifices sont bien plus anciens : ainsi, 70 % des constructions sont à risque.
Dans la région touchée par le séisme, ce sont 293 édifices d’importante valeur culturelle à avoir été détruits ou endommagés.
Le bilan humain
Les pertes humaines sont lourdes : 292 personnes ont perdu la vie, ensevelies sous les gravats, la secousse la plus forte les ayant surpris dans leur lit à 3 heures 36 du matin. Le bilan est encore provisoire, étant donné le nombre élevé de blessés graves.
400 personnes ont été extraites des décombres par les différents services de sauvetage, qui se sont illustrés par leur efficacité et la rapidité de leur intervention. 6.200 personnes sont engagées sur place, sans compter l’incroyable élan de solidarité – volontaires, produits de base et donations – parvenu de toute la péninsule.
À l’heure actuelle, 2.500 personnes évacuées sont prises en charge par la protection civile et logent dans les tentes montées à cet effet.
Une absence de prévention fatale
Le Conseil national des ingénieurs estime à 94 milliards d’euros la somme nécessaire à la mise en sûreté des habitations – privées et publiques – de tout le pays. Un chiffre négligeable si l’on considère que 135 milliards ont été dévolus à la reconstruction de quelques sites en moins de 50 ans.
Un chiffre dérisoire au vu des milliards d’euros d’argent public qui partent en fumée chaque année entre gaspillages, corruption, remboursement de dette illicite et prise en charge de milliers de faux réfugiés.
Et cette prévention est nécessaire. La commune de Norcia, à quelques dizaines de kilomètres de là, a démontré que les mises aux normes antisismiques bien faites fonctionnent : la ville, complètement restructurée à la suite du séisme de 1997, n’a subi, cette fois, que de minimes dégâts.
Enfin, si l’Italie a bénéficié d’un tiers des fonds européens de solidarité relatifs aux catastrophes naturelles parce que particulièrement touchée par elles, il est à regretter que ces mêmes fonds soient disponibles uniquement post-catastrophe, et donc non utilisables pour la prévention.
Polémiques
Les plus manifestes intéressent l’écroulement des édifices construits ou restructurés selon les normes antisismiques et considérés comme lieux de refuge, comme l’école et l’hôpital d’Amatrice. Des enquêtes pour vérifier les procédures et les matériels utilisés sont en cours : on craint négligences ou détournements de fonds. À l’échelle nationale, la moitié des établissements scolaires ne sont toujours pas aux normes.
En dernier lieu s’amplifie la controverse relative à la différence de traitement entre les migrants clandestins – parfois logés dans des hôtels ou villas de luxe – et les citoyens victimes des tremblements de terre, puisque des centaines de rescapés du séisme de 2012 dorment encore dans des containers.