Sabotage, appel à la grève des consommateurs de Georges Gourdin

Georges Gourdin – journaliste à Nice-provence.info – vient de publier son premier ouvrage intitulé « Sabotage, appel à la grève des consommateurs » aux éditions Gofedroy de Bouillon. Il s’agit d’un ouvrage synthétique, choc, révolutionnaire, qui appelle à une prise de conscience de la population : oui, chaque citoyen peut contribuer, demain, à paralyser totalement le système dans lequel il évolue, pour le faire chuter, et mieux reconstruire. Il s’agit d’une question de volonté, d’organisation, et de détermination. Georges Gourdin nous présente la seule manière de tourner la page grâce à une nouvelle forme de lutte sociale : le sabotage du Système par la grève des consommateurs ! Un livre de réflexion certes, mais d’action aussi, pour mettre le bon sens à sa place et éviter les guerres annoncées.

Breizh-info.com : qu’est ce qui vous a amené à rédiger cet ouvrage, qui semble être le fruit d’une mûre réflexion et non pas d’un coup de tête ?

Cela fait au moins dix ans que je pense à ce livre. Il est le fruit d’une analyse de notre monde qui a démarré en mai 68. J’avais alors 18 ans. Mais porter des analyses aussi pertinentes soient-elles est une chose, et l’action en est une autre. Je veux me placer dans l’action. « Le grand but de l’éducation n’est pas le savoir, mais l’action » nous dit Herbert Spencer.

Lors de mes discussions entre amis ou en famille, je vois bien que nous sommes d’accord sur l’état des lieux, à savoir la déliquescence de notre civilisation européenne. À chaque fois, je refusais le fatalisme ou la soumission. Oui, on peut, on doit faire quelquechose. Encore une citation si vous permettez : «Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » Guillaume de Nassau, prince d’Orange (1533 – 1584).

Mes réflexions se sont alors orientées vers les moyens à mettre en œuvre pour sortir de cette situation. J’analyse tout ce qui est possible : élections, putsch notamment. Mais je n’y crois pas.
Je suis convaincu que le Système tombera par ce qui le fait tenir : la croissance perpétuelle. Le Système ne tient que par une fuite en avant permanente qui le maintient en équilibre, comme une bicyclette emballée qui n’a plus de frein. Toute l’économie mondiale repose actuellement sur le crédit, à savoir la consommation aujourd’hui de biens qui seront — peut-être — remboursés demain. Le point faible du Système est cette part de fuite en avant, de surconsommation, qui dans le même temps représente un gâchis, un gâchis grandissant. C’est là qu’il faut agir.
Mon livre se veut un éveilleur de conscience pour que ce qui est perçu par de plus en plus de monde se transforme en mouvement social.

Breizh-info.com : Qu’est ce ce que ce que vous appelez la Grève des consommateurs ?

J’ai voulu faire le parallèle entre les luttes ouvrières du XIXe siècle et les luttes à enclencher. Lorsque le moyen de pression était le travail physique, la main d’œuvre, la grève avait un sens. À présent ce n’est plus le travail qui peut faire fléchir le Système qui s’est protégé en délocalisant les usines partout dans le monde. La lutte sociale aujourd’hui doit porter sur le point faible du Système, la croissance perpétuelle. Sans celle-ci le Système s’effondrera bien vite.

Breizh-info.com : En quoi cette Grève générale que vous appelez de vos voeux tire ses origines également dans les luttes sociales des 19 ème et 20 ème siècle ?

Les parallèles sont nombreux. Un ouvrier qui cesse son travail isolément est tout de suite licencié. Mais lorsqu’un nombre suffisant d’ouvriers font grève en même temps, le rapport de force n’est plus le même. Eh bien, c’est pareil avec la grève des consommateurs. Si je résiste seul à la pression sociale pour surconsommer, je n’aurai absolument aucun impact. Mais si demain, comme je le souhaite, des dizaines, des centaines de milliers de Français et plus encore prennent conscience de leur pouvoir collectif en mettant fin à cette surconsommation, le Système s’effondrera.

C’est pourquoi je fais référence dans mon livre à Georges Sorel à qui l’on doit l’expression « grève générale ». Mon livre a pour objectif de contribuer à enclencher une « grève générale de la consommation ».

Breizh-info.com : Ne risque-t-on pas de revenir en arrière ? Le consommateur est il vraiment prêt à troquer Pokemon Go, la TV réalité et Mac Donalds, pour faire chuter le système ?

Eh bien, restons avec Georges Sorel qui nous dit aussi : « La doctrine du progrès permet de jouir en toute tranquillité des biens d’aujourd’hui, sans se soucier des difficultés de demain ». Dans mon livre je récuse la notion de « Progrès » qui est l’illusion majeure de notre époque. Il ne s’agit pas de revenir en arrière, il s’agit de tourner une page. Bien vite car le temps presse. Les tenants du Système nous effraient par le concept du « retour en arrière » puisque, pour eux, tout est linéaire et croissant. Malgré cela de plus en plus de monde perçoit que « c’était mieux avant ». Je ne vois pas les choses comme un retour en arrière, mais plutôt comme la fin d’un cycle, un renversement des valeurs.

Breizh-info.com : Les réseaux sociaux, notamment, ne sont ils pas finalement les principaux freins au mouvement de Sabotage que vous appelez, dans le sens où ils constituent un outil puissant de contrôle, de défoulement et d’esclavage des masses ?

Bien sûr ! La pression sociale est omniprésente. Les forces de persuasion sont énormes. Le formatage commence au berceau. Il s’exerce par tous les vecteurs de communication. Sortir de ce monde est bien un acte de résistance. Être dissident aujourd’hui, c’est rejeter ce mimétisme comportemental. Cela passe, je répète, par un renversement des valeurs.

Breizh-info.com : Vous dites dans votre ouvrage « vivons frugaux et libres ». Finalement, n’êtes vous pas un descendant des babas-cools ?

Mai 68 m’a beaucoup marqué. Tout comme les babas-cools, je rejette les valeurs marchandes de notre société libérale-libertaire issue de ce mouvement. Je crois à la valeur travail et je rejette le productivisme. Je vois le baba-cool comme un assisté : gagner plus en travaillant moins. C’est l’idée sous-jacente aux « 35 heures ». Tandis que Sarkozy veut relancer la machine avec son « Travailler plus pour gagner plus », rejoint en cela par Macron, moi je prône le « Travailler moins pour gagner moins » ! Je prône les valeurs d’indépendance, d’autonomie, celles des artisans et des paysans. Je prône le travail bien fait, durable, l’œuvre. Je prône la proximité, le sens de l’honneur et de la parole donnée. Je pense que le travail n’est pas une aliénation mais le moyen de sa liberté. Encore faut-il sortir du statut salarial généralisé.

Breizh-info.com : Votre livre complète celui de Georges Feltin Tracol « Éléments pour une pensée extrême » . Finalement, n’avez-vous pas le sentiment d’occuper le terrain idéologique que l’extrême gauche a abandonné depuis des années ?

Je m’inscris dans la démarche de Georges Feltin-Tracol car nous devons avoir des idées fortes et claires. Je dirais que je vois mon livre comme des « éléments pour une pensée radicale », au sens premier du terme : la racine, la source. Il faut boire à la source, aller à l’essentiel, se libérer du superficiel et du superflu. Depuis mai 68, j’ai bien compris que la droite et la gauche sont des éléments d’un décor qui nous est planté devant nous pour nous distraire avec le jeu électoral et nous neutraliser en nous faisant accroire que tout cela, c’est la démocratie.

Droite, gauche, extrême droite, extrême gauche. Qu’est-ce que tout cela signifie ?

La question aujourd’hui est : qui veut sortir du Système ? Qui est révolutionnaire ? vraiment. Sûrement pas les babas-cools de Nuit Debout qui s’accrochent à un monde fini, celui du règne de la quantité, déjà dénoncé par René Guénon en 1945. Nos soixante-nuitards n’ont pas le privilège de la révolution. La révolution est dans la participation au sabotage de ce monde décadent.

Propos recueillis par Yann Vallerie

Georges Gourdin – Sabotage, appel à la grève des consommateurs – Godefroy de Bouillon – 15€

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