Renseignements pris à Paris, contrairement aux assertions de la presse de propagande, peu de musulmans se sont rendus dans les églises ce dimanche 31 juillet 2016. Dans nombre de paroisses, il n’y en eut pas un seul. ( NDLR)
Un certain nombre de responsables musulmans ont exprimé, à la suite de l’assassinat de l’abbé Jacques Hamel, leur solidarité avec les catholiques dans cette épreuve difficile que traverse l’Église. Leur sollicitude les honore et il n’est pas douteux qu’un certain nombre d’entre eux se comportent en hommes de paix, ce qu’à Dieu plaise.
Les plus sceptiques jugeront que la grande complaisance des médias envers toute forme de rassemblement inter-religieux rend pourtant cette démarche largement intéressée : et il est, de fait, difficile de ne pas voir que les grandes démonstrations d’unité qui ont suivi la tuerie ont été amplement relayées, photos et vidéos à l’appui, sur lesquelles on voit se tenir main dans la main les représentants des principales confessions — l’archevêque de Paris, le recteur de la grande mosquée de Paris, principalement. Dans le même temps, une certaine intelligentsia se déshonore en cherchant une mauvaise querelle à Mgr Vingt-Trois, dont l’homélie de mercredi faisait état de la « déviance des mœurs », feignant probablement d’oublier que l’Église est bien l’Église, et non une annexe de la république.
En somme, les procédés ordinaires semblent à l’œuvre, qui cherchent à préserver la paix civile en rejetant, à toute force, la responsabilité collective des musulmans dans les massacres commis au nom de l’islam, et ne se privent pas au passage d’égratigner la communauté catholique — qui n’en est plus à une mesquinerie près depuis qu’elle s’est comme réveillée à l’exercice de la citoyenneté, dans son opposition aux lois sociétales imposées par le Gouvernement depuis 2013.
Il est en revanche plus urgent de relever l’appel aux musulmans, lancé par Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman, à venir assister à la messe ce dimanche. Urgent, car cet appel présente deux risques majeurs.
En premier lieu, le risque de l’indécence. La première question qui vient aux lèvres, la plus évidente, est en soi importante : est-ce bien à un responsable musulman de demander à ses coreligionnaires de s’inviter dans nos églises ? Après l’irruption de deux terroristes islamistes dans la maison de Dieu en début de semaine, ne laissera-t-on pas même quelques jours aux catholiques pour reprendre leurs esprits, retrouver leur paroisse, pleurer ensemble le martyre de l’un des leurs, prier ensemble le Père céleste auprès duquel il est assis ? Il faut bien l’admettre, cet appel aux musulmans à se rendre dans les églises apparaît maladroit et extrêmement déplacé, dans un contexte où le traumatisme est encore loin d’être surmonté.
Est-il besoin de rappeler, au surplus — et ces questions importent également — le peu de cas que font les musulmans de la liberté de culte, et l’interdit régnant de fait sur toute conversion d’un des leurs au christianisme ? À Paris-même, les catéchumènes venus de l’islam sont fréquemment baptisés dans le secret, pour des raisons évidentes de sécurité de leur personne. Ce même islam, qui se sent outragé quand un des siens se rend à l’église, s’imposerait dimanche, dans la multitude de ses adeptes, dans chacune des églises de France ?
Mais l’indécence ne réside pas seulement — hélas — dans cette violence symbolique qu’on veut imposer aux catholiques. Ceux-ci se sont d’ailleurs, sur ce plan symbolique, montré en tous points exemplaires dans les suites données à l’assassinat de l’abbé Hamel. Qu’on leur laisse donc, au moins, la liberté de conscience ! Peine perdue : c’est sur ce terrain que le président du CFCM entend imposer ses prétentions. Car autre chose est d’afficher une unité des responsables religieux dans l’espace médiatique ; autre chose est de vouloir faire cette unité dans les lieux de culte, au plus intime de l’âme des fidèles — autrement dit dans leur vie sacramentelle, qui les unit surnaturellement à Dieu. En appelant les musulmans à s’inviter aux messes qui seront célébrées dimanche, le CFCM opère un viol des consciences et une immixtion profonde dans la vie de l’Église, dont aucune autre confession, on peut légitimement le croire — et certainement pas l’islam, — n’accepterait le principe sans lutter au nom de la foi. Que les musulmans, avec décence, retenue et modestie, laissent les catholiques veiller leur frère, panser leurs plaies et s’unir à Dieu dans la prière et la communion : ils auront tout le loisir, s’ils le veulent, de les inviter ensuite à leur table.
Le second risque sous-jacent à l’appel du CFCM est celui de l’irresponsabilité : moins d’une semaine après l’assassinat d’un prêtre catholique, célébrant sa messe, à l’intérieur même d’une église, combien de « loups solitaires », combien de « radicalisés-express », combien de « fous d’Allah » entreront, avec d’autres musulmans certainement plus pacifiques, à l’intérieur de nos églises ? Combien, galvanisés par la tuerie de Saint-Étienne-du-Rouvray, n’auront l’idée de frapper à leur tour un coup mortel ? Et quelle paroisse pourra, en face, imposer fouilles au corps ou portiques de sécurité à l’entrée pour prévenir ces actes ?
L’appel aux musulmans à assister à la messe ce dimanche est d’une irresponsabilité évidente. L’auteur de cet appel en porte la charge, et les paroisses françaises sont laissées complètement démunies : les forces de sécurité, faute de moyens, ne les protégeront pas. Les catholiques, qui n’ont plus connu la persécution en France depuis la Révolution, sont désorganisés, peu savent réagir aux attaques qui vont au-devant d’eux. Pourtant — et combien même en ont conscience ? — il va être de leur responsabilité de se former, de surveiller sans cesse le risque, de le prévenir par des réflexes nouveaux : nul ne peut en conscience rester inactif.
Pour l’heure, donc, que chacun mesure la nocivité de cet appel du CFCM et le dénonce selon ses moyens : ce sera une réaction aux persécutions qui viennent, et malheureusement la première d’une longue série.