Née en Tunisie le 17 décembre 1977, Sonia Mabrouk est une journaliste connue pour ses émissions d’information et de débat politique sur Public Senat, Europe 1 et CNews.
La journaliste nait en 1977 à Tunis. Enfant unique, elle est issue d’une famille de la haute société, proche de Bourguiba. Son grand-père a été ministre du Commerce et son oncle ambassadeur en France. Elle baigne donc dans la politique depuis l’enfance.
Repérée par Jean-Pierre Elkabbach alors qu’elle travaille pour l’hebdomadaire Jeune Afrique, elle débute sa carrière télévisuelle sur Public Sénat, chaîne dont le journaliste est alors président. Elle obtient sa nationalité française en mai 2010.
Première Tunisienne à présenter les informations sur une chaîne nationale française, elle se démarque par un style direct, n’hésitant pas relancer ses invités lorsqu’ils évitent ses questions. Elle a par ailleurs l’avantage d’être polyglotte en français, arabe, anglais et italien.
Elle est actuellement animatrice politique sur Europe 1, et présentatrice sur CNews. Connue pour son franc-parler, elle est particulièrement appréciée pour la qualité de ses interviews politiques.
Parallèlement à sa carrière de journaliste, elle se lance dans l’écriture, avec un premier ouvrage en 2017, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille, et un second en 2018, Dans son cœur sommeille la vengeance. Quoiqu’ils varient dans leur forme – le premier se présente sous forme d’une conversation libre et le second est un roman, ils sont tous deux l’occasion d’aborder des questions d’actualité sous un angle littéraire.
Ils traitent largement de la question du terrorisme islamiste. Il s’agit effectivement d’une question qui tient à cœur à la journaliste franco-tunisienne, avec de récentes prises de position contre la journée du voile à Sciences Po ou encore le port du burkini qui lui ont valu d’être taxée d’islamophobe.
Formation
Sonia Mabrouk commence ses études en Tunisie. Après avoir obtenu son bac à 16 ans, elle entre à l’école de commerce IHEC de Carthage. Elle poursuit ses études à Paris, où elle arrive à 20 ans. Elle suit à la Sorbonne un DEA et une thèse.
Parcours professionnel
Elle enseigne la gestion et le commerce international durant deux ans à l’IHEC de Carthage, où elle a précédemment fait ses études. Elle se destine en effet au départ à une carrière d’enseignante.
Elle commence sa carrière en tant que journaliste pour Jeune Afrique, où elle entre grâce au journaliste franco-tunisien Béchir Ben Yahmed. Elle couvre pour l’hebdomadaire les sujets politiques et sociétaux dans le monde et en France.
Trois ans plus tard, en 2009, elle obtient son propre journal sur la chaîne Public Sénat grâce au soutien de Jean-Pierre Elkabbach, alors président de la chaîne. Elle assure d’abord l’édition de 22h, puis l’émission de débats « On va plus loin », qu’elle assure jusqu’en 2017. Elle gagne avec cette émission de débat de 90 minutes sur les projets et propositions de loi discutés au Sénat ses lettres de noblesse en tant que journaliste télévisuelle. Elle se fait remarquer pour son style franc et direct, n’hésitant pas à poser à ses invités des questions qui fâchent et à les relancer.
En septembre 2013 c’est à la radio qu’elle fait ses débuts en animant « Le Débat des Grandes Voix » sur Europe 1 le samedi de 13h à 14h. Elle coanime également l’information du dimanche soir avec Patrick Roger.
De janvier à juin 2016 elle anime « Les Grandes Voix vous répondent », le dimanche de 19 à 20h. De septembre 2016 à janvier 2017, elle a également animé « Les Eclaireurs », émission reprise par Nicolas Escoulan lorsque la chaîne choisit de faire plus de place aux Grandes Voix, avec des créneaux de diffusion en semaine de 17 à 18h en plus du samedi midi.
Elle rejoint l’équipe de CNews en septembre 2017 avec « Les voix de l’info », et l’information de 17h – 19h. Suite à son changement d’émission sur Europe 1 en 2018, c’est la tranche 22 heures – minuit de CNews qu’elle présente. Figure relativement consensuelle, elle a acquis au cours de sa carrière télévisuelle une réputation de sérieux et de rigueur.
Elle commence également en 2017 une carrière d’auteur avec la publication d’un premier ouvrage, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille. Elle enchaîne l’année suivante avec un roman, Dans son cœur sommeille la vengeance. Ces deux ouvrages lui valent de passer du statut de journaliste à celui d’invitée, avec des interviews et des plateaux TV nombreux.
En 2017, elle se fait remarquer à l’occasion d’un échange virulent avec Marwan Muhammad, président du Comité contre l’islamophobie en France dans l’émission de Thierry Ardisson « Salut les terriens ! ». Elle lui reproche de se présenter comme parlant au nom de tous les musulmans abusivement : « Moi, ça me fait toujours rire les professionnels qui parlent au nom de tous les musulmans et qui parlent au nom de l’Islam. Pardonnez-moi monsieur mais je tiens à vous le dire, vous êtes une caricature, vous êtes une imposture! […] Vous ne représentez rien. Absolument rien! Qui peut parler au nom des musulmans? Personne, si ce n’est eux-mêmes. Ceux qui travaillent pour leur crèmerie, font leur miel sur l’Islam, ils ne représentent rien » (Audrey Kucinskas, « Sonia Mabrouk n’a pas la même vision de l’islam que Marwan Muhammad et le lui dit », L’Express, publié le 10 avril 2017). Elle lui demande ensuite de prouver que son association n’a aucun lien avec les Frères Musulmans, accusation à laquelle Marwan Muhammad choisit de ne pas répondre.
Parcours militant
À cheval sur la France et la Tunisie, Sonia Mabrouk s’est distinguée par ses prises de position sur la question du terrorisme islamique. Elle pose la question, notamment dans son ouvrage Dans son cœur sommeille la vengeance, des alternatives qu’offre la civilisation européenne actuelle aux personnes tentées par l’idéologie djihadiste. Elle en appelle à une véritable « guerre idéologique » contre cette dernière (François de Labarre, « Sonia Mabrouk, l’échappée belle », publié le 8 juillet 2018 dans Paris Match). Elle souligne dans ce roman l’importance d’une réponse qui soit également spirituelle, à travers la redécouverte par son héroïne de ses racines chrétiennes. Elle se définit elle-même comme de culture musulmane, croyant en Dieu mais non pratiquante. Elle annonce ainsi dans une interview accordée à Pascal Louvrier pour Causeur et publiée le 15 mai 2018, « je suis musulmane mais j’adhère pleinement à la civilisation occidentale ».
Elle condamne vivement le traitement médiatique des attentats terroristes en Europe, et notamment l’habitude de les mettre sur le compte de la folie des auteurs. A ses yeux, c’est une rhétorique qui bloque le débat dans la mesure où elle ne permet pas d’analyser les motivations réelles des individus auteurs d’attentats. Elle insiste au contraire pour parler de « soldats », de manière à permettre la prise de conscience que ces actes s’inscrivent dans le cadre d’une guerre menée contre l’Occident.
Elle prend position face à l’actualité en avril 2016 en dénonçant sur Twitter la journée du voile organisée à Sciences Po Paris. Elle réagit ensuite à la polémique sur le burkini par un autre tweet qui lui vaut d’être taxée d’islamophobe : « Derrière le burkini, il y a surtout l’idéologie wahhabite et sa propagande qui se répandent insidieusement et dangereusement #TousDesRemparts ».
Sonia Mabrouk cherche par ailleurs à faire dialoguer les cultures en renforçant la collaboration culturelle entre les différents pays méditerranéens. Pour ce faire, elle participe à la création en 2010 de l’Association des musées méconnus de la Méditerranée (AMMed), association qui travaille en partenariat avec l’UNESCO.
Distinctions
Elle reçoit en 2010 le Trophée 2010 de la Réussite de l’Association France-Euro-Méditerranée (FEM).
Publications
En 2017, Sonia Mabrouk publie chez Flammarion son premier ouvrage, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille. Le livre se présente comme une conversation libre d’une petite-fille avec sa grand-mère, effrayée par la tournure que prend le monde qui l’entoure. La question du terrorisme islamiste est déjà au cœur des questionnements de l’auteur.
En 2018, elle publie un second ouvrage, Dans son cœur sommeille la vengeance, chez Plon. Elle fait cette fois le choix du roman pour mettre en lumière les problématiques contemporaines d’identité française face à la menace islamiste. L’ouvrage, à travers le regard de Lena, journaliste et héroïne du roman, se concentre sur la situation des « lionceaux de Dae’ch », enfants élevés dès leur plus jeune âge pour être des combattants de l’organisation terroriste. C’est la redécouverte de la foi chrétienne, à l’échelle individuelle – celle ici de Lena – et nationale, que l’auteur pose en réponse aux questions difficiles que pose le retour de ces enfants en France.
Collaborations
Elle crée en 2010 avec Marc Ladreit de Lacharrière, énarque, homme d’affaires et mécène, l’Association des musées méconnus de la Méditerranée (AMMed), qui promeut des musées et lieux de culture peu connus. L’objectif est de favoriser le dialogue entre les différents pays méditerranéens.
L’association travaille sur des supports variés allant des livres d’arts à la plateforme numérique en passant par les films-documentaires. Ces derniers, co-produits par Arte, mettent en avant les différents musées du pourtour méditerranéen.
Ce qu’elle gagne
Non connu.
Sa nébuleuse
Béchir Ben Yahmed : journaliste franco-tunisien, il est président-directeur du groupe Jeune Afrique. Il est le premier à repérer Sonia Mabrouk et à lui offrir un poste au sein de l’hebdomadaire Jeune Afrique suite à une candidature spontanée de la jeune femme alors enseignante.
Jean-Pierre Elkabbach : il repère Sonia Mabrouk en 2000 alors qu’elle travaille pour Jeune Afrique. C’est lui qui la fait entrer sur Public Sénat alors qu’il en est président. Il a également repéré et lancé la carrière de Léa Salamé, à laquelle Sonia Mabrouk est souvent comparée, pour son parcours autant que pour ses origines – la première ayant quant à elle des origines libanaises.
Elle l’a dit
« Mon ambition, c’est de durer dans ce métier, je ne veux pas être une étoile filante. J’ambitionne de bien faire mon métier, je veux prendre le temps d’installer une image, un ton parfois avec un peu d’impertinence » : dans une interview donnée à Hélène Reitzaum et Enguérand Renault pour Le Figaro, « Mabrouk : « Mon ambition, c’est de durer dans ce métier », publiée le 03 avril 2013.
« La civilisation chrétienne est forte grâce à ses valeurs. Elle survivra si les valeurs chrétiennes sont défendues et portées haut et fort par les chrétiens en France et ailleurs dans le monde » : dans une interview donnée à Charlotte d’Ornellas et Geoffroy Lejeune pour Valeurs Actuelles, « Sonia Mabrouk : « la civilisation survivra si les valeurs chrétiennes sont défendues » » et publiée le 5 mai 2018.
« « Je suis Charlie », ce n’est pas une obligation, c’est une conviction. […] Etre « Charlie », c’est défendre un bien précieux, la liberté d’expression, c’est la liberté de caricaturer, c’est la liberté de transgresser. C’est aussi l’héritage d’un certain esprit français » : le 6 janvier 2018 à l’occasion de l’évènement « Toujours Charlie ! De la mémoire au combat » à Paris, aux Folies Bergères.
« La France n’est pas multiculturelle et ne peut l’être » : dans une interview de Louis Lecomte pour L’Incorrect publiée le 14 mai 2019.
Elle juge la parole des journalistes « malheureusement trop souvent standardisée », notamment sur des sujets comme l’Islam ou Daesh, Florian Guadalupe, « Sonia Mabrouk regrette la parole « standardisée » des journalistes », Ozap, publié le 22 septembre 2017
On l’a dit à son sujet
Dans une interview donnée à Leaders et publiée le 04 avril 2010, elle rapporte les propos de Jean-Pierre Elkabbach à son égard : « Tu ne dois pas faire une carrière mais construire un destin ».
Jean-Marie Bayle, directeur de la rédaction de Public Sénat sur la qualité de son travail : « J’aime sa manière de mener les entretiens. Sonia a une élégante impertinence. Elle travaille beaucoup, ne cesse de progresser. Outre les interviews, elle est également très à l’aise lors des débats. Avec elle aux commandes, le plateau s’anime ».
Marwane Ben Yahmed, actuel directeur de rédaction de Jeune Afrique dit à son sujet : « elle a choisi la difficulté. Pour quelqu’un qui vient de son milieu, après des études de commerce, le chemin était tout tracé, elle aurait pu profiter de l’aide de sa famille mais elle a préféré se lancer dans le journalisme. Elle a fait le saut dans le monde de la télévision avec une aisance qui m’a étonné. ».
Solande Bied-Charreton, « Sonia Mabrouk, étoile montante du journalisme français », Valeurs Actuelles, article publié le 12 mars 2017 : la journaliste la qualifie d’ « étoile montante du paysage audiovisuel français ».