Emmanuel Macron pratique-t-il la désinformation par la rétention d’information ? Quelques heures à peine après l’annonce des résultats des Européennes, voilà que deux affaires sont dévoilées au grand public. Et, si Macron et sa bande plaident la bonne foi, il est difficile de s’empêcher de s’interroger sur le possible embargo imposé par l’exécutif par pudeur électorale…
Un terroriste surveillé mais pas arrêté
A Lyon, le principal suspect de l’attaque au colis piégé, dont l’explosion a fait 13 blessés vendredi 24 mai dans le centre-ville de Lyon, a été arrêté le lundi suivant. Mais d’après les confidences, sur BFMTV, du maire de la ville et ancien ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, le jeune Hichem, d’origine algérienne, avait été identifié dès le week-end et placé sous surveillance depuis dimanche. « C’est après l’élection que l’on apprend que le terroriste de Lyon est un ressortissant algérien. (…) Ce timing scandaleux est tout sauf un hasard », a dénoncé le mardi 28 mai la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Sur CNews, le député RN Gilbert Collard a même avancé, « au risque prudent de [se] tromper, que les policiers avaient logé assez rapidement » le suspect, mais qu’ils ont « peut-être attendu pour l’arrêter par sécurité électorale ». Car la révélation à la veille du scrutin que le terroriste était allogène aurait bien entendu profité à la liste menée par Jordan Bardella.
Plan social ou plan électoral ?
La rumeur d’un plan social chez General Electric courait depuis plusieurs mois. Mais il a finalement été annoncé 48 heures après la fin des élections, s’indigne le maire Les Républicains de Belfort, Damien Meslot. L’annonce du géant américain General Electric (GE) de supprimer 1 000 emplois en France est vécue comme une trahison. Les élus locaux pointent la responsabilité de l’État et accusent Emmanuel Macron — qui, alors ministre de l’Economie, avait donné son feu vert au rachat du site — d’avoir demandé à la direction d’attendre le lendemain du scrutin pour dévoiler l’ampleur du plan.
Damien Meslot n’a pas caché sa colère après la confirmation officielle des suppressions de poste: « J’espère que le président de la République et le gouvernement mettront la même énergie à créer de nouvelles activités à Belfort qu’ils en ont mis pour déplacer l’annonce du plan, après les élections européennes. »
Et s’est aussi après les élections européennes que les habitants d’Amiens, ville natale des époux Macron, ont appris que le site de Whirlpool était menacé, et avec lui l’avenir de 162 salariés. Un drame dans un bassin d’emplois déjà sinistré.
Une manipulation du clan Macron ?
Trois événements graves mettant en cause la gouvernance Macron ont donc été occultés pour ne pas pénaliser la liste Loiseau. Cela confirme que le président manipule l’information et parfois même l’occulte pour communiquer positivement.
Les commentateurs télés et les journalistes autoproclamés d’investigation à géométrie variable sont complices. On nous explique que Macron ne peut pas le dire, mais qu’en fait il a gagné et que le résultat du RN est décevant. Certes, le président aurait du être laminé et désavoué et ce n’est pas le cas. Et les mêmes commentateurs expliquaient il y a peu que Marine Le Pen était à jamais finie et allait entraîner son parti dans son naufrage, ont dû convenir de son évidente remontada.
Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, Cnews et Sud Radio, Emmanuel Macron et Marine Le Pen arriveraient largement en tête si le premier tour de l’élection présidentielle se jouait dimanche. Le chef de l’État et la présidente du Rassemblement national obtiendraient respectivement 30 % et 28 % des voix (contre 24 % et 21,3 % au printemps 2017). Les autres chefs de partis seraient relégués loin derrière, à des niveaux sensiblement identiques à ceux enregistrés dimanche dernier par leur famille politique.
Yannick Jadot, d’Europe Ecologie-Les Verts, recueillerait ainsi 12 % des suffrages, le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon 9 % et le président des Républicains, Laurent Wauquiez, 8 %. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France, est crédité de 5 % des voix et Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, de 4 %.
Pour un parti a jamais discrédité avec sa tête de liste ce n’est pas si mal. Cela devrait interpeller les analystes idéologiques qui s’accrochent désespérément à Macron, au mépris d’ ailleurs de leur déontologie professionnelle et vont même jusqu’à passer sous silence des rétentions d’information à l’échelon national, qui sont pire que les fake news courant sur des réseaux sociaux.
Celui que Valeurs Actuelles salue comme le nouveau Machiavel ne mérite pas cette comparaison flatteuse. Sur l’écologie, sur l’immigration, sur l’économie, sur l’Europe et sur le devoir d’informer avec un minimum d’honnêteté c’est plutôt le grand imposteur, usant des pires ficelles de « l’ancien monde » qu’il fustige.
Pierre Boisghilbert – Polémia