A voir ! Le (merveilleux) traité de couleurs (vieux de trois siècles) qui dormait dans une armoire provençale…

C’est un livre tout à fait étonnant qui  fait le tour du ouèbe mondial, un Traité des couleurs servant à la peinture à l’eau en avance de presque trois siècles sur son temps qui dormait depuis des lustres sur une étagère de bibliothèque provençale.

Tout commença il y a une semaine quand un chercheur médiéviste néerlandais nommé Erik Kwakkel dénicha sur la base de données de la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence un étrange ouvrage néerlandais itou intitulé Klaer lightende Spiegel der Verfkonst (Traité des couleurs servant à la peinture à l’eau). Daté de 1692, ce bouquin fort d’environ 800 pages signé par un certain A. Boogert explique comment composer des couleurs à l’aquarelle, les mélanger, les éclaircir en ajoutant une ou plusieurs parts d’eau.

Erik Kwakkel, tout excité de cette découverte car à sa connaissance, aucun autre chercheur n’a jamais mentionné ce bouquin, en parla aussitôt sur son blog. L’info fut reprise il y a deux jours par les très consultés sites Gizmodo et Colossal, qui ainsi la propagèrent à tout l’internet électronique mondial émerveillé.

Suivent une centaine de pages de texte, puis des centaines d’autres pages présentant des couleurs pures, déclinées, rompues, mélangées, accompagnées de savantes explications :

L’ensemble constitue un immense catalogue coloré…pouvant faire penser au fameux nuancier Pantone utilisé par les imprimeur… lequel fut inventé en 1963 ! Son principe est simple : la gamme Pantone présente environ 800 nuances, composées à partir de quinze couleurs de base. Bon nombre de ces nuances ne peuvent être créées par le procédé habituel de la quadrichromie, qui consiste à mélanger les trois couleurs primaires cyan-magenta-jaune auxquelles on ajoute le noir pour former les quatre mousquetaires CMJN. D’où l’intérêt du système Pantone, fournissant des couleurs de fabrication complexe prêtes à l’emploi.

L’ouvrage du sieur Boogert est loin d’envisager ces prouesses techniques, évidemment. Mais visuellement, ses rectangles de couleurs rappellent fortement le nuancier Pantone.

Malgré ses très hautes visées pédagogiques, ce livre n’eut probablement qu’un nombre très restreint de lecteurs. Pour une raison toute simple : il est écrit et peint à la main. Eh oui, si au XVIIe siècle on maîtrisait depuis un moment l’impression du texte grâce à Gutenberg, on ne savait pas encore imprimer les couleurs. Et voilà comment le dénommé A. Boogert est passé à côté du bestsellère…

Le chercheur médiéviste néerlandais nommé Erik Kwakkel publia un post-scriptum à son billet de blog : la médiatisation d’icelui opérée par les sites Gizmodo et Colossal lui permit d’apprendre qu’un étudiant connaissait le manuscrit, se penchait dessus à l’université d’Amsterdam dans le cadre d’une thèse de doctorat. Comme quoi le ouèbe n’a pas que des inconvénients.

Le Traité des couleurs servant à la peinture à l’eau d’A. Boogert est entièrement consultable par là.

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