L’affaire DSK a sonné la gauche, jusqu’ici donnée largement gagnante aux prochaines présidentielles. Tandis que Nicolas Sarkozy, lui, profite d’un climat plutôt favorable pour son image: petits succès de politique étrangère, naissance prochaine d’un dauphin en pleine campagne présidentielle, une côte de popularité qui s’est stabilisée à défaut de remonter. Le risque pour la gauche : que la droite reprenne du poil de la bête et qu’elle-même, déjà mise à mal par son propre poulain du FMI, n’achève de se discréditer par le soutien parfois surprenant qu’elle lui a apporté, au risque de se mettre à dos les sensibilités féministes. Et l’opinion publique.
Pour contre-attaquer, Mediapart, l’organe de presse Internet dirigé par Edwy Plenel, a choisi de relire Machiavel : déplacer le champ de bataille sur le terrain de l’adversaire. Autrement dire, retourner l’arme contre lui. Sans doute l’affaire Georges Tron a-t-elle inspiré cette stratégie. Si le Front National a pu profiter de la plainte des deux employés de la mairie de Draveil, pourquoi pas la gauche ? Restait juste à trouver la première cible idéale. L’UMP ne manquant pas de casseroles, la tâche était facile.
Patrick Balkany, maire de Levallois et challenger de Jean Tibéri dans la course au championnat des affaires, est donc l’heureux élu. Mediapart titre aujourd’hui sur un entretien avec son ex-suppléante, Marie-Claire Restoux, qui l’accuse d’harcèlement sexuel caractérisé (ici et là). Une ex-médaille d’or olympique de judo et élue municipale UMP qui s’en prend au maire, le site préféré de la gauche modérée pense avoir trouvé le bon bout.
Sauf que l’affaire n’a rien de nouveau : elle date de mars 2010, comme en témoigne par exemple cet article du Post. Mediapart s’est contenté de déterrer le scandale. A l’époque, l’ex-suppléante a pris ses distances avec le député UMP en quittant son statut de suppléante. Pour autant, elle n’a pas déposé plainte et, sauf oubli de Mediapart dans ses “révélations”, n’a toujours pas l’intention de le faire. Pas d’affaire judiciaire donc, mais Mediapart espère au moins bricoler une affaire médiatique… et politique. Balkany est un très proche de Sarkozy.
Tant qu’à fouiller dans le passé des hommes politiques, croisade tout à fait louable par ailleurs, Mediapart pourrait s’intéresser aux cas autrement plus connu et sensible de Daniel Cohn-Bendit, auteur du Grand Bazar, un essai datant de 1975, dans lequel ses convictions libertaires le conduisent à défendre la pédophilie. L’affaire avait déjà fait scandale en 2001, mais elle n’est pas périmée : Mediapart peut toujours la réchauffer.
Ou encore, bien plus actuel, au cas de Jack Lang : selon la rumeur tenace sur les blogs, l’ex-maire de Blois serait ce ministre français arrêté à Marrakech en 2002 en compagnie de jeunes garçons. Une affaire guère ébruitée depuis, si bien qu’aucune preuve formelle n’a fuité quant à la véritable identité du coupable, exfiltré discrètement vers la France par l’Elysée. Dans les coulisses en revanche, le nom de l’ancien ministre de la culture revient plus fréquemment que d’autres. Une rumeur qu’une enquête de journaliste permettrait de vérifier. Pour Mediapart, cela reviendrait à balayer devant sa porte. Insupportable. Et trop dangereux pour son camp, en temps de campagne électorale.
PS : Contacté par Nouvelles de France, l’hôtel de Marrakech a refusé de confirmer l’identité du Ministre pris en flagrant délit d’éphébophilie.
5 Comments
Comments are closed.