Si au Moyen-Age, les paysans réglaient leur seigneur en « fromage de gléo » ou « fromage de seigle » (car affiné sur la paille de seigle), c’est à partir de 1651-1670 que le nom de « fromage de Saint-Nectaire » a fait son apparition. Il fut longtemps considéré comme un fromage de « pays », réservé à l’usage domestique des producteurs.
Au XVIIème siècle, le Maréchal Henry de Sennecterre donna à ce fromage ses lettres de noblesse, en l’introduisant à la table du Roi de France Louis XIV. Le Saint-Nectaire eut alors les faveurs du Roi Soleil qui le faisait venir à dos d’âne et avec force bateliers pour régaler sa cour.
Durant la première moitié du XXème siècle, la production était uniquement fermière, caractéristique des petites et moyennes exploitations agricoles. Elle connut une régression entre 1929 et 1950 en raison de l’exode rural et de conditions de mécanisation déficientes.
Le Saint-Nectaire ne fit même pas partie de la première classification des fromages entreprise par le Ministère de l’Agriculture en 1934. Cette situation incita les producteurs à se regrouper afin de faire valoir leurs intérêts. Ainsi, en novembre 1935 fût créé le « syndicat d’Élevage et d’amélioration des Produits Laitiers des cantons de la Montagne de Besse et d’Issoire ».
En 1947, ce syndicat fonde la marque Saint-Nectaire.
En 1954, il se transformera en Syndicat des producteurs de Saint-Nectaire.
Le fromage obtient l’appellation d’origine contrôlée l’année suivante (1955). À partir de cette date, la production de lait augmente fortement (90 millions de litres en 1970). La délimitation de la zone de production du Saint-Nectaire supprime la concurrence de l’industrie laitière des autres régions de France.
En 2014, la vente de Saint-Nectaire fermier et laitier est de 13 858 tonnes, ce qui en fait la 4ème AOP fromagère française au lait de vache et la première AOP fromagère fermière d’Europe.
L’affinage est une étape clé de la fabrication de l’AOP Saint-Nectaire. C’est véritablement dans ce savoir-faire propre à l’affineur que réside le secret de sa saveur incomparable et de son onctuosité.
Les fromages sont généralement vendus en blanc quelques jours après leur fabrication à 23 affineurs de la filière AOP qui en assurent la « maturation ». Toutefois, de nos jours, une quarantaine de producteurs affinent tout ou une partie de leur production. L’activité́ d’affinage, si elle est intrinsèque à toute fabrication fromagère, apparait comme une activité́ à part entière dans la filière Saint-Nectaire. L’affinage requiert un savoir-faire spécifique avec des gestes précis transmis de génération en génération.
Affiné dans des caves naturelles ou artificielles, le saint-nectaire a ses exigences et prend son temps. Pour obtenir un fromage savoureux à la pâte souple et crémeuse, 3 conditions doivent être respectées : une température constante entre 8°C et 12°C, une hygrométrie importante (+ de 90%) et une ventilation régulière pour renouveler l’air. Sans oublier, une attention de tous les instants. Chaque fromage est unique et requiert un traitement particulier.
La durée minimum d’affinage est de 28 jours. Pendant cette période, le maître affineur apporte tous les soins nécessaires au fromage pour développer sa jolie croûte fleurie et ses arômes.
Les fromages sont lavés à l’eau salée au moins 2 fois dans les 3 premières semaines d’affinage. Les fromages sont ensuite régulièrement retournés et frottés une fois par semaine.
Ces multiples attentions sont nécessaires au Saint-Nectaire pour développer sa croûte bien spécifique à moisissures blanches à grises sur un fond marron orangé, et ce goût inimitable de noisette, reconnaissable entre tous.