Le 8e centenaire de la naissance de saint Louis est l’occasion de multiples publications, colloques, expositions. Le flamboyant Roman de saint Louis de Philippe de Villiers a su toucher un vaste public, bien mieux que ne l’aurait fait un pesant (mais utile néanmoins) livre d’érudition.
Louis IX (1214-1270) est le seul roi de France proclamé saint par l’Eglise catholique. Ce fut au terme d’un procès canonique qui s’est ouvert en 1272, peu de temps après sa mort, et au cours duquel ont pu être interrogés nombre de témoins de sa vie. Il s’est conclu en 1297 par la canonisation solennelle proclamée par le pape Boniface VIII.
Michel Cool, dans la collection « Prier 15 jours avec », publie un saint Louis qui montre justement en quoi a consisté la sainteté du roi Louis IX. Il développe sa démonstration en trois parties : « un saint laïc », un « dirigeant » qui fut aussi un « serviteur » et « un maître de prière ».
L’auteur s’appuie, dans ses démonstrations, sur le témoignage exceptionnel de Joinville qui fut le conseiller, le confident et le premier biographe du roi. Il a recours aussi aux historiens du XXe siècle. Mais on s’étonne qu’il n’ait pas utilisé le travail extraordinairement important et riche du chartiste Louis Carolus-Barré (1910-1993) qui a essayé de reconstituer et a édité Le procès de canonisation de saint Louis : 1272-1297 (Ecole française de Rome, 1994).
Cela lui aurait évité certaines généralités malheureuses, telle celle-ci : « Louis IX envoie sans ciller au gibet tout seigneur ayant malmené des miséreux » (p. 17). Par le procès de canonisation, on sait très exactement quand saint Louis a exercé son droit de grâce et quand il a laissé les sentences d’exécution être menées à leur terme. Elles ne furent pas si nombreuses que cela. Mais assurément ce saint ne fut pas hostile, par principe, à la peine de mort.
Un homme de prière
Le plus admirable – c’est-à-dire presque inaccessible pour le lecteur – c’est l’assiduité du roi à la prière. Il priait « en tout chemin et en tout lieu » dit Joinville. Des enluminures l’ont représenté en voyage lisant le psautier sur son cheval. Ses contemporains souvent s’étonnaient du nombre et de la longueur de ses dévotions. Lui-même s’étonnait de leur étonnement : « Les hommes sont étranges, on me fait un crime de mon assiduité à la prière ; on ne me dirait mot si j’employais les heures que j’y passe à jouir aux jeux de hasard, à courir la bête fauve ou à chasser aux oiseaux. »
Pour autant, saint Louis ne fut pas un triste saint. Michel Cool rappelle justement : « Saint Louis aimait rire et s’amuser (sauf le vendredi, jour anniversaire de la mort de Jésus) et il lui arriva de chasser avec des chevaliers dont c’était le loisir favori. »
C’est peut-être dans le testament qu’il a rédigé à l’intention de son fils aîné, le futur Philippe III, dit le Hardi, qu’on voit le mieux comment Louis IX a cherché à concilier son devoir d’état de roi et l’aspiration à la sainteté qui devrait être celle de tout chrétien. Il lui écrivait : « Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. » Et, entre autres choses, à propos de la guerre : « Que tu te défendes, autant que tu pourras, d’avoir guerre avec nul chrétien. (…) Que tu sois bien conseillé avant de déclarer la guerre, que la cause en soit tout à fait raisonnable, que tu aies bien averti le malfaiteur et que tu aies assez attendu, comme tu le devras. »
• Michel Cool, Saint Louis, Nouvelle Cité, 118 pages.