La réussite de Steve Jobs, mythique fondateur et patron d’Apple, démontre son génie.
Dans l’histoire des faits économiques contemporains, un seul homme semble avoir eu, peut-être, une telle importance : Henry Ford, un siècle plus tôt.
Le livre* que lui a consacré Walter Isaacson est paru dans les semaines qui ont suivi le décès de l’intéressé. En effet, ce travail, autorisé par le sujet, était alors presque terminé. 40 interview avaient été menés pour ce faire avec Steve dans les deux années précédentes, sans compter des dizaines d’entretiens avec la plupart des protagonistes de cette épopée. Du bon travail. Un modèle du genre. A lire d’urgence, si ce n’est pas déjà fait…
Comme Steve l’a lui même répété de nombreuses fois, Apple est à l’exact point de rencontre de l’art et de la technologie. Quand on y ajoute l’intuition exceptionnelle de l’homme (reconnue par Bill Gates lui-même), et son obsession (sans doute maladive) de la perfection, on commence à avoir une explication à un phénomène qui a abouti à la première entreprise mondiale (en terme de valorisation).
Steve Jobs n’était pas motivé par l’argent. Quand il est revenu en 1997 pour redresser «sa» boite, ce fut au salaire d’un dollar par mois. C’était surtout le plus exigeant des hommes. Son ressort profond était de vouloir apporter «du bonheur» à ses contemporains. Et comme il inventait de nouveaux produits, dont personne n’avait eu l’idée avant lui, il n’avait pas besoin «d’études de marché».
Il était doté d’une caractéristique qui est le lot de tous les visionnaires, artistes ou entrepreneurs : un don pour «tordre» la réalité (Isaacson parle de «distorsion»). Et d’une autre aussi : obtenir l’impossible de ses collaborateurs.
Quelques semaines avant sa mort, préoccupé part la situation économique de son pays, il conseillait au président Obama de déréglementer, pour faire revenir les usines d’Apple aux États-Unis. Et, s’agissant du système scolaire, d’équiper chaque enfant d’une «tablette»… et de mettre au boulot les enseignants !
Steve n’était pas plus intelligent que beaucoup d’autres. Il avait beaucoup de défauts (dont ses proches et ses anciens collaborateurs témoignent). Mais le système de la libre entreprise capitaliste lui a permis, en commençant dans un garage, d’édifier la plus belle, la plus grosse et la meilleure des «pommes».
Un système social qui permet le plein développement des œuvres d’un Steve Jobs sera toujours supérieur aux autres. Tandis qu’un système qui l’empêche sera toujours inférieur.
Un jour, Madame Mitterrand a souhaité visiter l’entreprise Apple à Cupertino, en Californie. Elle voulait tout savoir sur les avantages sociaux du personnel. Sans doute avait-elle lu au dos d’un T-shirt «ici on travaille 90 heures par semaines. Et on aime ça…». Steve lui répondit par un juron, qui ne fut pas traduit…
Pas d’Apple sans Steve Jobs. Et pas de Steve Jobs sans libre enrichissement des entrepreneurs. Rappelez-vous en, MM. Mélenchon, Hollande et consorts !
*Steve Jobs, par Walter Isaacson, JCLattès, 670 pages, 25 €
> le blog d’Alain Dumait