Le commandant du volQZ8501 d’AirAsia, qui s’est abîmé en mer de Java fin décembre, n’était pas à sa place et effectuait une “action inhabituelle” quand son copilote a perdu le contrôle.Quand le commandant de bord indonésien est revenu, il était trop tard, indiquent deux personnes proches de l’enquête.
L’Airbus A320-200 avait des problèmes de maintenance depuis plus d’une semaine sur un ordinateur de vol important et, selon une personne proche du dossier, le commandant avait volé sur le même avion avec cet appareil parfois défectueux quelques jours avant le crash. AirAsia dit ne pas faire de commentaire tant que l’enquête de la Commission indonésienne chargée de la sécurité des transports (NTSC) est en cours. Reuters a indiqué cette semaine que les problèmes de maintenance sur un ordinateur, le Flight Augmentation Computer (FAC) et la façon dont les pilotes avaient réagi étaient au cœur de l’enquête.
Après avoir tenté de réinitialiser cet appareil, les pilotes ont coupé le courant en actionnant un disjoncteur, a rapporté l’agence Bloomberg vendredi. C’est le commandant de bord indonésien, Iriyanto, qui a pris cette mesure, indique-t-on de source proche du dossier, et non son copilote, le Français Rémy Plesel, moins expérimenté, qui était en train de piloter. La panne n’a sans doute pas directement déstabilisé l’avion mais a supprimé la protection du domaine de vol, qui est là pour empêcher le pilote de faire des manœuvres qui forceraient l’appareil à dépasser ses limites en matière de sécurité. Ce qui fait que le copilote a dû diriger l’appareil manuellement dans des conditions délicates d’altitude élevée.
La décision de couper le FAC a surpris ceux qui suivent l’enquête parce que la procédure habituelle pour le redémarrerest d’appuyer sur un bouton sur le tableau de commandes supérieur.
« On peut réinitialiser le FAC, mais couper le courant est très inhabituel », commente un pilote d’A320 qui a souhaité rester anonyme. « On ne tire pas sur le disjoncteur, sauf en cas d’urgence absolue. Je ne sais pas si c’était le cas, mais c’est très inhabituel. » C’est important parce que pour actionner le disjoncteur, le commandant a dû se lever de son siège.
Les coupe-circuits se trouvent sur un panneau mural juste derrière le copilote. Il est difficile, voire impossible, de les atteindre à partir de la position assise du côté gauche où se trouve le commandant de bord, selon deux pilotes expérimentés et au vu des plans du cockpit. Peu après cette action, le copilote a fait brusquement monter l’avion, moment à partir duquel, ont dit les enquêteurs, l’appareil a décroché. Le commandant a fini par reprendre le contrôle, mais, selon une personne proche du dossier, il n’était pas en position d’intervenir tout de suite pour récupérer la trajectoire.
« Le copilote a fait monter l’avion et, quand le commandant a repris le contrôle, il était trop tard », dit-on de source proche de l’enquête. La famille du copilote a porté plainte contre la compagnie à Paris pour mise en danger d’autrui. Selon leur avocat, « le vrai problème » est qu’Air Asia n’avait pas d’autorisation de vol le jour du crash.