Par Alain Sanders
Il faut que je vous avoue (ce qui ne sera pas une « révélation » pour ceux qui me connaissent) que je n’ai jamais aimé Dupont-Aignan. Et d’abord parce qu’il exhibe (avec des petites dégueulasseries à l’égard des pieds-noirs) son gaullisme comme une chaisière sa vertu rance. Je le redis : entre les gaullistes et nous, il y a un fleuve de sang. Infranchissable.
Pendant des années, il s’est accommodé de l’UMP, lui servant d’idiot utile souvent et, tout aussi souvent, de supplétif. Il a, avec sa tête de premier de la classe (dans la série du Petit Nicolas, ce Nicolas Dupont-Aignan ce serait Agnan : « Nous ne l’aimons pas trop »), un charisme d’huître d’élevage qui le tiendra à vie loin du destin national auquel il prétend.
Entre les deux tours, il aurait pu faire preuve de courage et marquer sa différence affichée avec une classe politique qu’il dit rejeter. Il aurait pu appeler à voter Front national, même si son score riquiqui du premier tour n’aurait guère fait bouger les lignes. Il a préféré se taire.
Mais, comme si ce silence pétochard ne suffisait pas, il a choisi de justifier son non-choix en arguant d’une incompatibilité avec le FN. Et sur quoi ? Vous allez rire (encore que…) : sur l’Europe ! Ce souverainiste au canif entre les dents qui, naguère, faisait campagne sur la sortie de l’Europe, déclare aujourd’hui : « Nous sommes différents du FN sur l’Europe, nous ne voulons pas (nous ne voulons plus serait plus exact) sortir de l’Europe, seulement la réorienter (sic). » Ses rares électeurs, farouchement opposés à une Europe marâtre des nations, savent désormais à quoi s’en tenir.
Sur le site de Riposte laïque, Christine Tassin signe un édito musclé : « Cerise sur le gâteau, c’est le coup de pied de l’âne donné à Marine Le Pen. Pour qui il se prend le petit Dupont-Aignan avec sa cravate et ses cheveux gominés ? Qui l’a autorisé à donner des leçons à une candidate anti-système à la tête du premier parti de France ? Il se comporte en parfait petit délateur qui dénonce à la maîtresse la sottise faite par son petit camarade (…). On ne m’enlèvera pas de l’esprit que ce gars (Dupont-Gnangnan) est en lien avec LR pour contrecarrer le FN. Comment expliquer autrement qu’il puisse espérer avoir ses 500 parrainages ? Comment expliquer autrement qu’il soit invité sur tous les plateaux télévisés et bien traité, lui ? »
Un supplétif de «?Les Républicains? » ? En effet. Pas dangereux pour eux, utile à l’occasion pour prendre au FN les deux ou trois pour cent qui permettrait de crever le plafond de verre. Dupont-Aignan, c’est comme le fusil de Tartarin : on le charge toujours, mais il ne part jamais. Comme dirait Caroline Parmentier : « Que de la gueule ».
A quoi sert Dupont-Aignan dans le combat national ? Poser la question, c’est y répondre.