Hidalgo poursuit ses saccages!

Avec Anne Hidalgo, Paris a écopé de la peine capitale. Celle qui condamne une ville à un saccage méthodique, parcelle après parcelle, au nom d’une idéologie hautement radioactive dont le cheval de bataille, la mixité sociale, se plaît à envahir les quartiers chics. Ainsi, le Conseil de Paris vient de valider un projet surréaliste de camp provisoire de migrants (pudiquement appelés « sans-papiers et sans-abri » par la mairie de Paris), dans cinq bâtiments préfabriqués érigés sur le site classé du Bois de Boulogne. « On ira devant les tribunaux, je n’ai pas de leçon à recevoir des thuriféraires des goulags ! », tonne Claude Goasguen, le maire excédé du 16e, dont l’arrondissement est devenu la cible privilégiée d’Anne Hidalgo et de son adjoint communiste au logement, Ian Brossat, qui entendent casser les « ghettos de riches » coûte que coûte. Et en l’occurrence, l’addition risque d’être salée. Depuis une dizaine d’années, les pétitions et recours d’associations de riverains bloquent systématiquement les constructions d’ensembles sociaux. Tel le projet, datant de 2009 et sans cesse repoussé, de 135 logements sur une friche de 4 500 m2 avenue du Maréchal Fayolle, porte Dauphine.

Pour contourner les réticences, la maire de Paris exerce son droit de préemption sur des immeubles vétustes ou des appartements à l’unité, afin de les réhabiliter en HLM, quitte à payer le mètre carré au prix fort. Comme l’a fait remarquer Cécilia Durieu, secrétaire nationale LR, « Pour un logement social proche des Champs-Élysées, on pourrait en livrer dix en région parisienne ». Oui mais. La manœuvre permet à l’édile de bichonner son aile gauche et d’implanter, dans des arrondissements traditionnellement à droite, un nouvel électorat dont le vote lui sera acquis. Récemment, trois immeubles sociaux ont été inaugurés à quelques encablures de la place Vendôme, du Palais-Royal et du faubourg Saint-Honoré : en tout, 51 appartements pour la modique somme de… 16,5 millions d’euros aux frais de la collectivité, soit environ 323 500 euros par logement HLM, alors que la moyenne s’établit généralement autour de 180 000 euros. Pour atteindre son faramineux quota de 30 % de logements sociaux d’ici à 2030, Anne Hidalgo lorgne aussi 100 000 chambres de bonne vides des beaux quartiers de l’ouest parisien, 250 000 m2 de bureaux inoccupés (nichés pour la plupart dans des bâtiments haussmanniens et Art déco du 8e, 9e et 6e), ou encore les possibilités de surélévation d’immeubles existants. Paris défiguré, Paris massacré, Paris dénaturé, c’est pour bientôt.

La démagogie vivre-ensembliste du procédé, consistant à culpabiliser et à montrer du doigt les méchants privilégiés qui ne veulent pas de la proximité des pauvres, passe évidemment sous silence les inextricables problèmes d’insécurité qui se déploient dans les secteurs de la capitale à forte concentration HLM. Même les quelques immeubles sociaux du 16e ne sont pas épargnés : la rue de Boulainvilliers, près de la Maison de la Radio, voit défiler trafics de drogue, bagarres et agressions. « Il est urgent que la Ville de Paris et Paris Habitat prennent les mesures adéquates et expulsent ces voyous, ce que nous demandons depuis de nombreuses années », s’impatiente Claude Goasguen. On comprend le peu d’empressement des riverains à accueillir d’autres HLM, sans parler de la dévaluation mobilière qui peut en résulter pour le parc privé environnant. Malgré les pétitions de ses locataires et les plaintes qui s’amoncellent sur ses bureaux, le plus gros bailleur social de la ville se fige dans l’immobilisme. « On ne peut rien y faire, nous n’avons aucun pouvoir, ce n’est pas nous qui décidons des gens qui sont logés dans les HLM », se justifie un responsable de sa direction territoriale Paris sud-ouest, qui gère les 7e, 14e, 15e, et 16e. Une excuse un peu faiblarde de la part d’un organisme qui donne rarement suite aux réclamations des locataires et qui a refusé pendant des lustres l’installation de vidéosurveillance dans les halls de ses immeubles les plus anxiogènes, en dépit des demandes répétées de certains maires, comme Philippe Goujon dans le 15e. Le versant sud du plus grand arrondissement de la capitale connaît une délinquance exponentielle depuis l’aménagement de nombreux ensembles HLM : la tristement célèbre cité des Périchaux.

À Balard, la cité Modigliani a pris le même chemin tandis que le parc André Citroën est un repaire de dealers, au point que les commerçants, exaspérés par les bastons et les incivilités, ont adressé une pétition cet été à la municipalité. Les parties communes de certains HLM sont dégradées, souillées d’urine et de détritus, et les troubles de voisinages récurrents avec l’arrivée de nouvelles populations en provenance de quartiers « sensibles », imposées par la mairie de Paris. Même constat dans le 14e, du côté des rues de l’Ouest ou des Plantes. Le 14-Juillet, le secteur Pernety a été le théâtre de violentes émeutes urbaines. « La vie est un enfer pour les habitants. Deal, trafic, dégradation. Il faut agir », s’alarmait alors la conseillère d’arrondissement Marie-Claire Carrère-Gée. La même nuit, une vingtaine de voitures ont brûlé dans le 16e, d’autres ont subi le même sort dans le 15e mais aussi le 17e, où l’insécurité s’aggrave vers la porte de Clichy. D’où la frilosité des habitants à voir sortir de terre 400 logements sociaux sur le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le 14e et plusieurs tours regroupant 1700 HLM sur la ZAC Batignolles dans le 17e. Et que dire du camp de Roms qui s’étend de jour en jour non loin de là, rue Belliard dans le 18e, mélange de favela, de dépotoir et de cour des Miracles ? Aurait-on vu un spectacle aussi surréaliste à Paris il y a encore quinze ans ? Prochaine étape : des migrants au bois de Boulogne, et ensuite ? Au jardin du Luxembourg, aux Tuileries, au parc Montsouris ? Et pourquoi pas place de l’Hôtel de Ville.

La démarche d’Anne Hidalgo est toxique et irresponsable. Toxique, parce qu’elle surfe sur une lutte des classes antédiluvienne et la haine du bourge ; parce qu’elle insinue qu’il est légitime que des foyers modestes et aisés bénéficient des mêmes habitations, au nom de l’égalitarisme, faute de pouvoir combattre la précarité et réactiver l’ascenseur social ; parce qu’elle contraint à cohabiter des catégories qui n’en ont, bien souvent, pas envie : les classes défavorisées se retrouveront pénalisées par le coût de la vie exorbitant des quartiers cossus, et mal à l’aise face aux familles bourgeoises qui les peuplent. Les résidents de longue date, qu’ils soient nantis ou fauchés, seront, eux, irrités par la présence de femmes voilées, en abaya, en boubou, de familles nombreuses exubérantes et de bandes de jeunes qui squattent les entrées d’immeubles.

Irresponsable, parce qu’elle va métastaser des situations d’anomie, de criminalité, d’incompatibilités culturelles, qui gangrènent déjà les banlieues. Rares sont les partisans de cette mixité qui savent ce qu’est la vie en HLM ; ils n’y connaissent généralement rien et se contentent d’ânonner qu’il est anormal d’y loger des ménages dont les revenus dépassent parfois le plafond légal. Peut-être. Mais ceux-ci se voient infliger un réajustement corsé, le SLS (supplément de loyer de solidarité), qui compense aussi les loyers au ras du plancher ou impayés d’autres locataires. Enfin, les immeubles HLM sont pour beaucoup des constructions bas de gamme, mal entretenues, voire en proie à des actes de vandalisme. On n’ose imaginer l’état de décrépitude d’un Paris truffé de 30 % de HLM au siècle prochain.

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