Sarkozy remonte la pente, sans que l’on comprenne pourquoi, il ne se présente pas directement aux présidentielles américaines : après tout, son énième fils Louis est éduqué en Amérique (après Leeds en Pennsylvanie, il va même faire West Point !) et son demi-frère travaille pour le sinistre groupe Carlyle. N’a-t-il pas été élevé en partie par l’ambassadeur Wisner, à la si riche carrière internationale… C’est entendu : il passe la moitié de ses week-ends à New York comme les plus riches d’entre nous, captivés par les cours du NASDAQ et la luminescence de Bloomberg City. Pourquoi se fatiguer alors avec les tristes dépouilles de la France ?
Mais pas d’anti-américanisme primaire, on se verrait encore accuser de xénophobie, en attendant la torture dans une geôle croate ou polonaise – le tout sous les regards bienveillants de nos médias béats. Parlons littérature. Personne n’a mieux parlé de Nicolas Sarkozy que notre Alexandre Dumas si honteusement déformé et trahi par Chirac. Le problème est que ce dernier parlait malheureusement de l’idole d’alors, un nommé Gambetta :
Gambetta, dit-il, ne fait appel qu’à des instincts, il ne rallie pas une âme et il se retrouve toujours au point de départ. Il passera sa vie à recommencer.
Le côté mécanique de notre trublion de la vraie-fausse droite plurielle est démonté par Dumas, qui semblait avoir déniché un genre nouveau de politique : pour ne pas se soumettre à un principe, il s’est rivé à un système. Il est à ressorts et immobile, il est effrayant et vide, il est diabolique et bon enfant. Quelle contradiction ! Il prétend à être le maître de ceux qui n’en veulent plus avoir, il se croit le dieu de ceux qui n’en ont pas. Rien à craindre, et ce qui est plus triste encore, rien à espérer de cet homme.
Avec son messianisme de cabaret, Sarkozy adore le parler vrai, Sarkozy adore la vérité, Sarkozy adore évoquer les principes et le devoir. C’est comme cela qu’il a embobiné les Français une première fois, c’est comme cela qu’il le refera la deuxième (il suffit d’un peu de TF1 et de people après ou avant le Fouquet’s). On espère que Sarkozy finira comme Gambetta dans le grand texte de Dumas : « Il est purement verbal. Il mourra d’un éclair de vérité comme son aïeul le cyclope. »
Si l’on ne veut pas de l’aventurisme hauturier de Sarkozy, on ira se rabattre sur la bonhomie servile d’un Juppé, d’un Hollande, sur un de ces innombrables hauts fonctionnaires et autres Machiavel de supérette ainsi dépeints par Maupassant dans Bel-Ami :
« C’était un de ces hommes politiques à plusieurs faces, sans conviction, sans grands moyens, sans audace et sans connaissances sérieuses, avocat de province, joli homme de chef-lieu, gardant un équilibre de finaud entre tous les partis extrêmes, sorte de jésuite républicain et de champignon libéral de nature douteuse, comme il en pousse par centaines sur le fumier populaire du suffrage universel. »
Qui a dit que l’histoire est un éternel recommencement ? À vos urnes…