Le médecin du patient en état de conscience minimale a lancé une quatrième procédure collégiale mi-novembre. L’avocat de ses parents, Me Paillot, dénonce un acharnement.
Une nouvelle procédure a été lancée. Qui est à l’origine de cette demande ?
Une quatrième procédure collégiale vient d’être engagée par le Dr Sanchez, médecin gériatre responsable du pôle soins palliatifs du CHU de Reims où Vincent Lambert se trouve reclus depuis 2013, en dépit du bon sens et des bonnes pratiques médicales applicables aux personnes en état pauci-relationnel ou d’éveil sans réponse. Il n’a rien à faire dans un service de soins palliatifs et devrait être pris en charge par des personnels spécialisés dans l’accompagnement des personnes cérébrolésées. Ce n’est malheureusement pas le cas, ce qui explique en partie l’acharnement qu’il y a aujourd’hui à vouloir le faire mourir.
La demande de procédure collégiale a été formée par le demi-neveu de Vincent, François Lambert. Le médecin aurait pu refuser cette demande, arguant qu’il n’y a, selon lui, pas d’obstination déraisonnable. Il a préféré, pour des motifs qui lui appartiennent et que nous ne connaissons pas, engager cette nouvelle procédure.
Cette procédure est-elle différente des précédentes ?
Cette procédure n’est pas différente des trois premières. Elle se situe toutefois dans un contexte particulier, puisqu’une procédure est en cours pour obtenir le transfert de Vincent dans une unité spécialisée. Elle apparaît donc à tout le moins comme prématurée. Je pense qu’après trois procédures collégiales successives réalisées au CHU de Reims, il y a comme une forme d’acharnement suspect. Perseverare diabolicum, dit le proverbe, avec bon sens.
Êtes-vous confiant sur l’issue de celle-ci ?
Nous avons en mains un nombre significatif d’éléments médicaux, émanant des meilleurs spécialistes français de la prise en charge de personnes cérébrolésées, qui accréditent le constat que Vincent n’est pas en situation d’obstination déraisonnable et mérite une prise en charge correcte. Ceci renforce notre opinion selon laquelle la demande d’arrêt d’alimentation entérale de Vincent ne constitue pas, dans ce cas précis, une demande d’abstention thérapeutique, mais bel et bien une demande d’euthanasie au sens strict du terme. Nous sommes en présence d’un dévoiement de la loi Leonetti, qui n’a pas été votée pour que soient pratiquées des euthanasies qui ne disent pas, hypocritement, leur nom.
Ses conditions de vie et de soins ont-elles évolué ?
Elles n’ont pas évolué et sont toujours aussi mauvaises : Vincent continue à ne pas recevoir les soins qui devraient être les siens. En revanche, sa situation de santé s’est améliorée, au sens où il est désormais capable de déglutir, de sorte qu’une rééducation à la déglutition (et donc à l’alimentation par la bouche) est désormais possible. Mais cette rééducation n’est pas entreprise par le CHU, ce qui le prive tout à la fois de ce qu’on appelle une « alimentation plaisir » et de toute possibilité de remanger, à terme, complètement par la bouche.
Pourquoi refuser cette rééducation ? Ses médecins doivent pouvoir conserver un moyen de mettre fin à sa vie ? La prise en charge médicale de Vincent constitue aujourd’hui un scandale absolu.
Pire encore, celui-ci doit payer, par sa vie, l’élargissement de la loi Leonetti aux personnes handicapées puis le vote de la loi Claeys-Leonetti. Il doit mourir parce que quelques élites politico-juridiques ont décidé de faire entrer de force l’euthanasie dans le champ juridique français, sans même avoir eu le courage de l’écrire clairement.
L’affaire Vincent Lambert est en réalité une affaire politique. Ce n’est plus seulement, et depuis longtemps, un problème simplement médical.