Le totalitarisme pro-avortement va encore frapper. Le 1er décembre va être examinée, à l’Assemblée, un projet de loi prévoyant d’élargir aux sites Internet le « délit d’entrave » à l’avortement. En ligne de mire : Les Survivants, un collectif d’agit-prop visant à sensibiliser la société au tabou absolu de l’avortement – un tabou dont on dissimule la scandaleuse réalité derrière le sigle neutre IVG.
Est-ce à dire qu’être contre l’avortement n’est plus possible ? Le gouvernement souhaiterait-il empêcher toute contestation, toute opinion défavorable à l’avortement ? Marisol Touraine, le ministre de la Santé, s’en défend, bien sûr :« Une opinion explicitement exprimée relève des principes de liberté d’expression et d’opinion qu’il ne s’agit pas de remettre en cause. En revanche, induire délibérément en erreur, intimider et/ou exercer des pressions psychologiques ou morales afin de dissuader de recourir à l’IVG, comme le font certains sites Internet, se situe sur un tout autre terrain. »
Pourtant, une visite sur le site des Survivants nous fait douter de la véracité des propos du ministre de la Santé. On y trouve des faits, des chiffres ainsi que des argumentaires sur les effets possiblement néfastes de l’avortement sur les femmes l’ayant pratiqué et sur les enfants souffrant du syndrome du survivant, mis en évidence par des psychiatres américains. Assurément, nous sommes sur un site militant, pro-vie, mais on n’y trouve rien qui « induirait délibérément en erreur, intimiderait et/ou exercerait des pressions psychologiques ou morales ».
Est en jeu la liberté d’expression quant à l’avortement. A-t-on encore le droit de briser l’omerta convenue sur l’avortement ? En fait, ce projet de loi proprement totalitaire n’est qu’une nouvelle expression de l’intolérance des tolérants.
La tolérance est le grand credo des libéraux-libertaires aujourd’hui au pouvoir. Mais c’est une tolérance à géométrie variable. Pour pasticher Saint-Just, la maxime en vogue dans cette gauche faussement tolérante est sans nul doute « Pas de tolérance pour les ennemis de la tolérance ». Le principe même d’ériger la tolérance en valeur absolue, que tout le monde se devrait d’adopter, est contradictoire. Une tolérance authentique et cohérente devrait admettre l’intolérance comme une opinion légitime, au même titre que d’autres opinions. Or, dans le cas présent, la gauche libertaire ne trouve pas absurde de refuser l’opinion différente, qu’elle disqualifie en la présentant comme « intolérante » – mais la gauche n’est probablement pas à cette contradiction près.
Dans une société réellement tolérante, on aurait le droit de juger que le meilleur avortement est celui qu’on évite et de ne pas le considérer comme un « droit fondamental » sans être traité – au choix – d’obscurantiste, intégriste, réactionnaire ou fasciste.
Elie Collin – Boulevard Voltaire