Cette histoire unique débute par de simples fouilles archéologiques sur des territoires indiens Nord Américains. C’est dans la réserve de Menominee située dans le nord du Wisconsin que des chercheurs vont mettre la main sur des vestiges d’anciennes tribus aborigènes dont un petit pot d’argile estimé au 13eme siècle. Mais ce n’est pas la jarre elle-même qui va intéresser les scientifiques, mais ce qu’elle contient. À l’intérieur du récipient, qui fait la taille d’une balle de tennis, les archéologues vont mettre la main sur des petites graines qui semblent avoir été parfaitement conservées.
Des étudiants de l’Université Canadienne Mennonite, structure locale aux fouilles, vont avoir l’opportunité d’étudier ces graines. À la surprise générale, malgré leurs 800 ans d’âge, les graines vont germer en terre pour donner naissance à une variété de courge éteinte depuis des centaines d’années. Étonnamment bien conservées par le procédé simple de la jarre en argile, les graines vont permettre non seulement de faire pousser la plante, mais également de ressusciter le légume fruitier qui va avec, une courge comestible !
Face à leur découverte incroyable, les étudiants vont prendre le parti de protéger cette plante d’une nouvelle extinction en la cultivant afin de produire de nouvelles graines. Au-delà de l’intérêt scientifique, cette courge faisait partie du patrimoine culinaire et culturel local où les descendants d’anciennes tribus vivent toujours aujourd’hui. En la réintroduisant à des fins alimentaires, notamment dans la cantine de l’université, les étudiants envoient un message fort quant à l’importance de préserver les variétés traditionnelles.
Quand ces graines furent placées dans leur jarre, l’humanité n’avait pas le même visage. Aujourd’hui, le monde fait face à un effondrement des ses variétés de fruits et légumes. La plupart de ces variétés furent éradiquées par la généralisation des monocultures industrielles au cours du siècle dernier, voire carrément absentes des catalogues des plantes autorisées à la commercialisation. Nombres d’activistes, notamment en France, tentent à tout prix de sauvegarder les variétés anciennes, dont certaines s’avèrent plus résistantes à certaines situations météorologiques, ou bénéficient simplement d’un certain intérêt culinaire et culturel.
Les étudiants vont donner le nom de Gete-okosomin à « leur » légume, soit : la vieille grosse courge en dialecte vernaculaire. Simple fruit du hasard ou volonté passée des indigènes de conserver leurs graines, cette découverte symbolique réamorce ce que certains appellent « la guerre des graines ».