Les nuits avec mon ennemi ! Une tête de faire-part, cachée sous un masque blanc comme la lune, à faire tourner le lait d’une vache ; une carrure format tracteur aux épaules taillées façon cheminée gothique ; un couteau à betterave qui s’enfonce comme une fourchette à escargot pour extraire le gastéropode persillé de sa coquille ; trois notes de musiques flippantes à vous coller le trouillomètre à zéro : quarante ans après l’original signé John Carpenter, Mike Myers (Nick Castle), le tueur psychopathe au cuir plus dur que celui d’un alligator et increvable, est de retour et revient tailler dans le gras. Son but : retrouver Laurie Strode (Jamie Lee Curtis), ex-jeune baby-sitter (dont on découvre au tournant qu’elle n’est pas sa sœur) et lui faire la peau.
Or donc, après quarante années passées derrière les murs d’un hôpital psychiatrique de haute sécurité, Mike Myers, qui a toujours autant de sensibilité et d’émotion qu’une enclume et devant lequel même une huître prendrait ses jambes à son cou, va reprendre ses bonnes vieilles habitudes lorsque, à la suite d’un transfert en car interrompu par un accident de la route, il retrouve providentiellement la liberté. Et ça ne fait pas un pli !
L’occasion faisant le larron, comme Proust, il va rattraper le temps perdu. Et hop-là ! direction Haddonfield, bourgade où résident Laurie et sa fille. Inutile de vous dire que sur la route qui le mène jusque chez Laurie, qui commence à yoyoter du bulbe, il va y avoir de l’hécatombe et de l’arrivage dare-dare sans préavis chez saint Pierre. Maniant toujours aussi habilement son couteau comme une otarie un ballon sur sa truffe, ça trucide velu et ça envoie du pâté jusqu’au face-à-face final.
Le monstre est toujours vivant ! Quarante ans après, le cauchemar recommence pour une Jamie Lee Curtis qui n’a rien perdu de son charme. Tirant un trait sur les huit sequels de la franchise, le réalisateur David Gordon Green, avec l’aval de John Carpenter, retourne aux origines du Mal avec cet « hommage-suite » brutal et sans masque à l’un des films de terreur qui a le plus marqué de son empreinte et fait se recroqueviller dans leurs sièges les spectateurs des années 1970-1980. Les amateurs du genre apprécieront ces nouveaux frissons de l’angoisse. Les autres, qu’ils soient porteurs de pacemaker ou fragiles de la boîte à ragoût, passeront leur chemin. Slash !
Pierre Malpouge – Présent