Italie/ A la découverte de la ville troglodyte de Matera (Vidéo)

Rares sont les voyageurs à privilégier le Basilicate comme destination italienne, pourtant cette région envoutera tous ceux qui choisiront la semelle de la botte pour venir y trainer les leurs. Les villages du coin, comme pétrifiés dans le temps, sont des bijoux de pierre où l’on aimerait se perdre à jamais.

Un des plus beaux exemples, et surement le plus particulier de tous, est le village de Matera, véritable labyrinthe de maisons creusées dans la roche qui s’accrochent les unes aux autres pour ne pas tomber dans le précipice qui les entoure. Au sommet, la cathédrale romane veille sur les deux Sassi, ces quartiers de pierre superposés où les toits sont des rues, les rues des escaliers, les escaliers des ponts.

Au nord, les façades blanches du Sasso Barisano, au sud les façades blanches du Sasso Caveoso… Nous voila sur la place Vittorio-Veneto, au centre de Matera et l’on sait déjà que ces ruelles vont nous perdre. En quelques marches, on passe du paléolithique au Moyen Âge tandis qu’une façade baroque se dessine au bout de la rue. Vestige grec, cheminée en plein milieu de la chaussée, fresques à moitié effacées… L’architecture est unique, l’anarchie est totale, et le voyage n’en est que plus bouleversant.

L’écrivain Carlo Levi, exilé ici par les fascistes, écrivait « C’est ainsi qu’à l’école nous nous représentions l’enfer de Dante », dénonçant dans son livre « Le Christ s’est arrêté à Eboli » les conditions insalubres dans lesquelles vivaient les habitants de Matera. Ni l’eau courante, ni l’évacuation des eaux usées n’avaient été installées dans ces grottes-taudis dont les derniers habitants ont été évacués en 1952.

Après une période d’abandon, les Sassi ont été assainis et réhabilités, des travaux de restauration et de restructuration ont été effectués et les lieux ont été inscrits par l’UNESCO au Patrimoine de l’humanité en 1993. Depuis, les touristes sont de plus en plus nombreux à venir découvrir cet endroit incroyable. Si Pasolini en avait déjà fait le décor de son « Évangile selon saint Mathieu », Mel Gibson a enfoncé le clou en faisant de même avec sa « Passion du Christ » contribuant ainsi à la renommée des lieux.

Il est vrai que le lieu ressemble à un bout de Palestine perdu au milieu de l’Italie. Les nuances des pierres abandonnées, l’atmosphère elle-même dégagent quelque chose de mystique. Matera compte par ailleurs des dizaines d’églises rupestres, des centaines si l’on prend en compte les environs de la Gravina. À l’instar des maisons, ces lieux de culte témoignent des différentes périodes historiques et nombreux sont ceux qui peuvent être visités. Certains, comme l’église San Pietro Barisano, accueillent des concerts de jazz, d’autres, comme les églises Madonna delle Virtù et San Nicola dei Greci, des expos de sculptures.

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