Le mouvement des policiers en colère évolue d’heure en heure et a définitivement pris, hier, la tournure d’une résistance. C’est un événement sans précédent depuis l’avènement de la Ve République.
En effet, alors que des rassemblements ont lieu dans de nombreuses villes de France, et que les fonctionnaires de la police nationale ne cessent de crier qu’ils sont à bout, s’efforçant de démontrer qu’ils ne sont instrumentalisés par personne, malgré une campagne de dénigrement honteuse dont ils sont victimes de la part de certains médias subventionnés, la situation vient de prendre une tournure historique.
Depuis le 27 octobre, le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone, agissant sur les instructions de Bernard Cazeneuve – un Bernard Cazeneuve que les policiers ont « de la chance » d’avoir comme ministre, selon les propos de Manuel Valls à l’Assemblée, alors même que les policiers manifestaient devant le palais Bourbon -, a donné des instructions de fermeté à l’ensemble des chefs de service de France pour réprimer les mouvements et faire pression sur les fonctionnaires en les menaçant de sanctions.
Ces instructions ont été suivies à la lettre par les directeurs départementaux de la sécurité publique, qui ont convoqué les policiers pour leur poser un ultimatum : tout le monde doit rentrer dans le rang ou les sanctions tomberont.
Des instructions appuyées par une note de service du DGPN.
Les policiers sont ainsi sommés de considérer que les promesses tenues à l’issue d’une réunion entre le chef de l’État et les représentants du personnel, qu’ils désavouent massivement, sont à prendre ou à laisser, alors même que la plupart de leurs revendications n’ont pas été entendues.
Plus de rassemblements, plus de manifestations, plus de photos de soutien, dos tournés, devant les services – sous peine de se retrouver happés par la machine à broyer du fonctionnaire qu’est devenue leur administration -, voici donc la réponse de l’exécutif à la colère légitime des policiers qui n’est pourtant que la logique prévisible d’une politique délétère menée depuis des années.
Écœurés, à bout, estimant que l’enjeu est plus important que les risques de sanction auxquels ils s’exposent, les policiers ont décidé, cependant, de maintenir leurs actions, entrant dès lors en résistance.
Ainsi, jeudi soir, à Metz, un cortège de véhicules de police défilant sur la voie publique a été stoppé par le directeur départemental de la sécurité publique assisté d’un commandant, s’interposant et donnant l’ordre d’arrêter les gyrophares et les deux-tons, provoquant les huées de ses troupes, et l’arrivée de manifestants plus nombreux.
Les photos de soutien continuent à circuler, ainsi que les appels aux rassemblements, sur les réseaux sociaux. La tension entre les policiers et leur hiérarchie, dont ils dénoncent notamment le carriérisme et la déconnexion avec la réalité de ce qu’ils vivent sur le terrain, en plus d’être coresponsables de leur situation, est à son comble.
Au-delà de ce qui est présenté, à tort, comme un simple mouvement social, il convient de rappeler que la police nationale est en charge de protéger nos institutions, dont elle fait d’ailleurs partie, et que la crise que nous vivons est gravissime en ce qu’elle touche à la première de nos libertés, sans laquelle plus aucune autre n’a de sens : la sécurité publique.
C’est pourquoi les citoyens doivent soutenir le mouvement de ces policiers courageux n’hésitant pas à résister aux pressions qu’ils subissent pour alerter l’opinion sur la gravité de la situation en France. Chacun doit rejoindre, autant qu’il le peut, les manifestations organisées dans sa ville et en profiter pour dialoguer avec les policiers, dont ils apprendront nécessairement des vérités qu’on leur cache et qui les concernent, s’agissant de la manière dont l’État assure concrètement leur sécurité.