Seul survivant d’un accident d’avion recueilli par des mercenaires, Charles vit durant quinze ans dans la jungle d’Afrique centrale. Lorsqu’il est retrouvé grâce à – ou à cause de – la toute-puissance de Google Maps et des réseaux sociaux, il part retrouver ce qu’il reste de sa famille en Belgique.
Là bas, il découvre une autre sorte de vie sauvage, urbaine et polluée à laquelle il doit s’acclimater mais également une nouvelle famille qu’il doit apprivoiser. Entre sa tante obsédée par son corps et la consommation, son oncle petit politicien suffisant et véreux, son cousin ado perdu dans les tréfonds d’internet et sa cousine boudeuse et disgracieuse, il tente de comprendre ce nouveau monde.
Mais alors qu’il s’intègre doucement à la société civilisée grâce à ses camarades de classe et une équipe pédagogique qui rivalise d’attention pour l’aider, il met en place son plan pour retourner en Afrique retrouver Septembre, son grand amour.
Voici un extrait de ce texte :
– Et puis?
– Quoi?
– Tu devrais raconter la première fois que tu avais fait l’amour, c’était ça qu’on avait dit.
– Je n’ai plus envie.
Aurore s’était levée d’un bon du lit où nous étions assis pour aller se poster contre la porte, comme pour y monter la garde.
– Tu n’as pas le droit, je t’ai tout raconté… C’est à toi maintenant,c ‘est ce que tu avais dit! Sinon, ça voudra dire que tu es comme tous les autres !
– Comme tous les autres?
– Ça voudra dire que tu es un menteur !
– Il m’arrive de mentir… Ce ne sera pas la première fois.
– Tu peux mentir à qui tu veux mais si tu me mens à moi, tu perdras ta seule alliée ici. Mais peut-être que tu ne te rends pas compte à quel point c’est important d’avoir une alliée… Tu crois peut-être que tu es en famille, tu crois peut-être que les gens t’aiment ou qu’ici tu ne risques rien. Tu crois que les choses ont changé depuis qui tu n’es plus « là-bas » ou que tu es à l’abri. Je ne sais pas vraiment comment c’était là-bas, en Afrique, pour toi… C’était certainement dangereux… Mais ici, crois-moi, c’est pire. Ça se voit moins, mais c’est pire. C’est d’ailleurs parce que ça se voit moins que c’est pire !
Aurore avait raison. Je savais qu’elle avait raison. Finalement, je n’avais pas le choix, je devais lui raconter la suite de l’histoire.
Thomas Gunzig, La Vie sauvage, Au Diable Vauvert.
336 pages, 18€.