Office, ovni cinématographique ( Bande-annonce)

https://www.youtube.com/watch?v=1YD9n8oLrFo

Office est un objet cinématographique étrange, du moins en France, quelque chose qu’après des décennies de fréquentation des salles obscures et une curiosité d’esprit réelle et constante nous n’avions jamais rencontrée : une comédie musicale de Hong-Kong. Le réalisateur, Johnny To, est un maître reconnu du film policier hongkongais, genre à l’inverse bien identifié et relativement courant sur les écrans. Il s’est donc risqué à un exercice très original. En plus, outre le fait inusité pour lui de demander à ses personnages de se livrer à des passages chantés ou rarement dansés, il a fait le pari risqué du décor minimaliste et symbolique, qui est au fond beaucoup plus théâtral que cinématographique.
 
Office désigne en anglais, langue dont la bonne maîtrise distingue encore l’élite à Hong-Kong, alors que toute la population, élite incluse, a pour langue maternelle le chinois, des bureaux. L’action se déroule pour l’essentiel dans les bureaux d’une grande entreprise, de type chaîne de grands magasins, de la Cité-Etat, en 2007-2008. Elle a lieu juste avant l’effondrement boursier, voire économique pour beaucoup de pays, causé par la faillite de la banque Lehman-Brothers aux Etats-Unis, déclenchant la crise dite des subprimes. Certains personnages du film, férus de spéculations boursières, seront ruinés dans cette affaire. Le thème central de l’intrigue est l’agitation à la perspective de l’introduction dans la bourse de Hong-Kong, l’une des principales d’Asie, de cette société. Or elle se trouve au fil des mois compromise, et par le contexte général se dégradant, et par la découverte d’irrégularités comptables dans l’entreprise.
 

Office respecte la loi du genre de la comédie musicale

 
De façon générale, le film dénonce la course à l’argent. Elle est sans fin, et ne rend certainement pas les gens heureux. La classe moyenne de Hong-Kong, qui forme les cadres inférieurs et moyens de cette grande entreprise, travaille énormément et vit au final assez mal du fait du coût de la vie très élevé. L’immobilier en particulier y est un des plus chers au monde.
 
Deux jeunes cadres subalternes, novices dans l’entreprise, la découvrent, avec ses mécanismes humains complexes, et bien évidemment le spectateur avec eux. A Hong-Kong, les nouveaux servent les cafés et thés des dirigeants, qui ont tous des exigences très spécifiques et différentes. Le film est à voir en chinois, ne serait-ce que pour la façon parfois amusante de prononcer les prénoms anglais : Sophie ainsi est reconnaissable, avec deux syllabes « so-fi » articulables facilement en chinois, mais d’autres subissent des déformations considérables, comme David prononcé à peu près « pa-oueï » …
 
Les intrigues professionnelles et sentimentales sont mêlées, d’autant plus que les employés passent leur vie dans les bureaux. Tout ceci ne vole pas forcément très haut, mais respecte la loi du genre de la comédie musicale. Et la morale, universelle, est bonne. Et surtout, quelle originalité sur les écrans en France !
 

Lu sur  RITV

Related Articles