Thierry Bouzard, éminent connaisseur des répertoires de chansons vient de publier un nouveau recueil.
— Pourquoi un nouveau recueil de chansons alors que vous en avez publié une demi-douzaine en près de vingt ans et que l’on retrouve essentiellement les mêmes titres d’une édition à l’autre ?
— Vous avez absolument raison, une grande partie des 220 chansons publiées se retrouvent d’un recueil à l’autre puisque nous avons sélectionné des titres appartenant à notre mémoire collective. L’objectif est que l’amateur y retrouve ses repères, puisse chanter et faire vivre ces chansons à plusieurs, la chanson, comme la musique, étant l’expression du lien collectif unissant des communautés, lien toujours à entretenir et à actualiser. L’autre objectif est de faire découvrir quelques nouveaux titres, de création récente ou tout simplement oubliés autour d’une thématique commune : des chansons pour les combats d’aujourd’hui et de demain.
— Pourquoi ces critères de l’identité et du combat ?
— J’aurais pu faire dans les berceuses ou les comptines. Plus difficilement dans la chanson d’amour, genre universellement plébiscité, mais autant La Paloma ou Lili Marlene ont fait le tour du monde, autant des roucoulades entre homos ou transgenres me semblent plus délicates à promouvoir. On trouve facilement des recueils de chants de marins et de chants scouts, les militaires ne commercialisent pas ou peu leurs carnets de chants et notre époque fait semblant de promouvoir le dialogue pour mieux empêcher l’expression de nos racines identitaires. Les éditions Synthèse m’ont donc demandé de réaliser une sélection pouvant être chantée par toutes les sensibilités de notre famille politique pour communiquer ses valeurs et les transmettre.
— Vous pensez vraiment qu’il est possible de trouver un répertoire commun à toutes les différentes composantes de la dissidence nationale ?
— Incontestablement, la tâche est compliquée. De nombreux titres sont connus et peuvent être chantés par tous, d’autres devront être réappris pour ceux qui ne pratiquent pas couramment la chanson. Sans être la majorité, d’autres sont à découvrir, peut-être parmi les chants de l’Europe (italiens, allemands, espagnol, russes) ou les cantiques, dont quelques reliques toujours chantées qui appartiennent à notre plus longue mémoire musicale. Quoi qu’il en soit des divergences, il est toujours enrichissant de connaître ce qui rassemble ceux qui nous sont proches.
— Quelle est l’originalité de votre recueil ?
— D’abord la sélection des titres, ensuite leur présentation, car ils sont tous introduits par un commentaire historique. Il est indispensable, à mon sens, car on chante mieux si on sait pourquoi l’on chante et d’où vient ce que l’on chante. Le lecteur fera donc probablement quelques découvertes. Particulièrement dans le répertoire des chansonniers. En effet, on oublie trop souvent les compositions des chanteurs, et chanteuses, dissidents. De ceux qui ont chanté l’engagement pour l’Algérie française, en passant par Pierre Dudan, Didier Barbelivien, Dr Merlin, mais aussi certaines compositions des groupes skins, du RIF (rock identitaire) ou même des Brigandes. Ils sont évoqués, car le but n’était évidemment pas d’être exhaustif.
— Votre recueil ne publie pas les partitions des chansons, comment savoir sur quelle mélodie se chante un titre que l’on ne connaît pas ?
— Très simple, il suffit de rechercher le titre sur internet, la plupart figurent sur les sites de vidéos en ligne, et ensuite de l’apprendre à l’imitation. Donc aucune excuse pour ne pas faire vivre ce patrimoine aussi vital pour notre identité qu’il est fragile, car immatériel.
Propos recueillis par François Franc – Présent
- Thierry Bouzard, Les Chansons de notre identité, Synthèse nationale, 318 pages, 27 euros (port 4 euros). A commander sur le site : synthesenationale.hautetfort.com