La procrastination, on connaît, c’est cette tendance à toujours tout reporter au lendemain. Une nouvelle étude montre que certaines personnes font aussi le total opposé : ils “précrastinent”.
L’étude a été publiée dans le journal Psychological Science. Le phénomène de “pre-crastination” y est défini de la manière suivante: “l’envie de finir une tâche le plus rapidement possible, même si elle demande plus d’efforts physiques”, cela va du paiement de factures bien avant l’échéance donnée à répondre à des mails ou à un coup de fil dans la seconde.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs de l’Université de l’Etat de Pennsylvanie ont mené plusieurs expérimentations. Des seaux étaient disposés à différents endroits d’une allée, les participants devaient la parcourir en prenant un de ces seaux afin de l’amener à un endroit défini. Il était demandé aux participants de porter un seau disposé à leur gauche avec leur main gauche, s’ils trouvaient cela plus facile ou de porter un seau avec leur main droite s’ils trouvaient cela plus confortable. Observation: les participants avaient plus tendance à prendre n’importe quel seau, à condition qu’il soit le plus proche d’eux, même si cela demandait plus d’efforts physiques, comme porter le seau sur une plus longue distance ou rempli de pièces de monnaie.
La raison est simple selon les participants interrogés : « nous voulions finir cette tâche aussi vite que possible ». Les chercheurs se sont ainsi rendu compte que cette attitude était représentative de leur désir de cocher la tâche de leur « to-do list » mentale. Selon l’hypothèse des chercheurs, ils désiraient de cette manière éliminer un fardeau mental à coups d’efforts physiques.
Ce nouveau comportement est aussi représentatif de notre société de l’immédiateté hyperconnectée où tout doit aller toujours plus vite: checker ses mails, y répondre dans la seconde, surfer pour trouver rapidement une information…une manière d’essayer de ne plus se sentir débordé par les tâches du quotidien. Mais la précrastination a aussi ses moins bons côtés, selon Alan Castel, professeur de psychologie à l’université de Californie à Los Angeles cité par le New York Times: “Les smartphones, ordinateurs et autres appareils connectés sont des outils puissants qui demandent un flux continu de tâches, mais ces tâches sont aussi très difficiles à ignorer, ce qui demande aux utilisateurs un besoin urgent de les accomplir.” Ajoutant : “Vous êtes constamment tenté de répondre à des mails ou à des coups de fil. En barrant des tâches de votre liste, vous pensez abattre du travail, mais le plus gros du boulot n’est pas fait“. Les chercheurs de l’université de Pennsylvanie concluent: “Eliminer des petites tâches une par une demande plus d’énergie”.