Le terrorisme de la novlangue: l’exemple du Merveilleux !

La « tête de nègre » s’appelle désormais un « merveilleux ».

Cette fois c’est sûr. Le pays légal est devenu fou. C’est arrivé en quelques années, une petite génération sans doute. Les historiens du futur règleront le problème dans de gros bouquins ou sur la Toile.

Ils ont commencé par accoucher de lois bridant notre vocabulaire un peu trop vert, un peu trop gaulois. La première date de 1972, la loi Pleven. Elle préparait le terrain. Sous prétexte d’antiracisme, des mots pouvaient désormais être punis de prison, les dessins aussi ! A l’époque tout le monde s’en foutait. La France carburait plein pot, le chômage était une légende urbaine, et les immigrés ne faisaient pas parler d’eux.

Puis le temps des donneurs de leçons, les BHL chemises ouvertes et consorts, est arrivé. A coup de burin dans nos pastèques, ils ont fait entrer l’idée que nous étions des salauds, que notre pays était à l’origine du fascisme, des camps et de toutes les misères du monde. Ah ça oui, ils se pavanaient sur les plateaux télé, grassement invités par la nouvelle nomenklatura. Surtout que Mitterrand avait remporté la coupe. Dans leurs journaux subventionnés par notre pognon, ils dégueulèrent joyeusement le fond de leur pensée, gluante de morceaux d’intestins moralisants : haut et fort, écrit noir sur blanc, ils racontaient qu’ils maudissaient cette terre de beaufs, ce terroir, ces baguette-bérets au coin de rue. « Ils », c’était Pierre Bergé et sa bande de mitterandolâtres, BHL encore et toujours.

La loi Gayssot de 1990, votée dans l’urgence après la manipulation de Carpentras fut la seconde étape. Elle paralysa toutes les rédactions de France, flingua les neurones d’un bon nombre d’historiens, baissa leur froc d’un coup sec à la plupart des scribouillards. L’Histoire de la seconde guerre mondiale se transformait en camion bourré de nitro, un salaire de la peur législatif !

Les années 1990-2000 terminèrent le travail. On prohiba soudain les expressions les plus banales, et même ma pâtisserie préférée, la « tête de nègre » devînt objet de scandale. Les tantes furent repeints en gay, les aveugles en non-voyants, les noirs en blacks et ainsi de suite.

La « tête de nègre » s’appelle désormais un « merveilleux ». Sous les coups de matraques orwelliennes, les boulangers ont dû se plier à la loi. De mon côté, je continuerai à commander haut et fort ma « tête de nègre » dans les commerces. Tant pis si ça grince. Parce que le mot « nègre » est magnifique, comme les poètes (noirs) l’ont prouvé, et que notre langue est trop belle pour laisser ces pisse-froid l’appauvrir.

Lu sur Boulevard Voltaire

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