A l’heure où Manuel Valls veut interdire temporairement le financement des mosquées françaises par des fonds étrangers, RT France vous propose de revenir sur les cinq projets les plus ambitieux ayant bénéficié de ce type de financement. La France compte 2 450 lieux de culte musulmans (Outre-mer inclus) pour 4 à 5 millions de fidèles. Face à la demande grandissante de salles de prière pour la communauté musulmane, les constructions de mosquées se multiplient.
Suite aux attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, des voix se sont élevées de toutes parts pour demander au gouvernement d’agir contre la radicalisation islamiste. En réponse, le Premier ministre français s’est exprimé en faveur de l’interdiction temporaire de recourir à des fonds étrangers pour la construction et l’entretien des mosquées. Une prise de position critiquée par l’opposition, car il y a 10 jours encore, Manuel Valls s’était fermement opposé à une telle mesure.
D’après le rapport du Sénat de mars 2015 sur le financement des lieux de culte, «une grande partie du financement des mosquées provient des quêtes effectuées au sein de la communauté musulmane de France». Entendre ici : grâce aux dons privés des Français de confession musulmane et des associations culturelles et cultuelles.
Mais alors pourquoi débat-on autant du financement de ces lieux de cultes par des fonds venus de l’étranger ? La réponse est simple : d’autres Etats que la France font d’importantes donations financières pour l’édification des projets les plus ambitieux et les plus médiatiques. Des largesses qui atteignent des millions d’euros, dont l’origine est parfois difficile à déterminer, faute de transparence.
Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Maroc, Algérie… Qui a œuvré à la construction des grandes mosquées françaises ?
L’Arabie saoudite et la Grande mosquée de Lyon, le premier cas médiatique
Imaginé dans les années 1970, le projet a reçu un emplacement de 8000m² après un vote en 1983, sa construction a débuté en 1992… Le projet de la Grande mosquée de Lyon a effectué un véritable marathon, doublé d’une course d’obstacles. La question de son financement sulfureux a aussi défrayé la chronique.
Alors que le projet patine, en avril 1991, des rumeurs suggèrent que la Ligue mondiale islamique (largement financée par l’Arabie saoudite) aurait signé un chèque exorbitant… qui se révélera être de 1000 francs. Un homme d’affaires algérien proposera 1 million de francs avant d’être démasqué : c’était un un escroc recherché…
Un an plus tard, c’est le roi Fahd d’Arabie saoudite, lui-même, qui permet le démarrage des travaux en débloquant 3,5 millions de dollars de ses fonds personnels.
L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis allongeront la note d’encore de quelques millions de francs les deux années suivantes.
La Grande mosquée de Lyon sera finalement inaugurée le 30 septembre 1994.
Le cas particulier de la mosquée En-Nour de Nice
Depuis quatre ans, la question de la mosquée En-Nour de Nice est l’une des grandes batailles de Christian Estrosi. L’élu les Républicains a utilisé tous les recours juridiques possibles pour empêcher l’ouverture de cet établissement religieux.
A l’annonce du premier ministre Manuel Valls d’interdire temporairement le recours à des financements étrangers pour la construction de mosquées, le premier adjoint au maire a répliqué : «Je demande au gouvernement de mettre ses paroles en accord avec ses actes. Un des premiers dossiers où le gouvernement va pouvoir agir, c’est le lieu de culte En-Nour à Nice.»
Pourquoi tant d’acharnement ? Si la construction de la mosquée a été financée à 70% par des donateurs issus de la région PACA, et la communauté musulmane des Alpes-Maritimes, le bâtiment appartient au ministre saoudien des affaires religieuses. En l’état, c’est donc lui qui peut choisir de la vie à l’intérieur de la mosquée et déterminer la formation des imams.
Tous prêts à dégainer pour la Grande mosquée de Marseille
22 millions d’euros, tel est le prix annoncé pour mener à bien le projet grandiosde de la Grande mosquée de Marseille qui a vu le jour, sur le papier et dans les têtes, en 2001.
Participer au financement d’un bâtiment de 3500m² dans une ville qui compte 250 000 musulmans : plusieurs pays s’y sont intéressés de très près. Ainsi en 2012, l’imam Ghoul annonçait fièrement que «l’Algérie, le Maghreb en général, l’Arabie saoudite, le Koweït» avaient promis une contribution et «que d’autres suivraient».
Mais quatre ans plus tard, ce projet n’a que très peu avancé. En raison de bisbilles politico-religieuses, l’Algérie a décidé de revenir sur le montant des fonds qu’elle avait promis. D’après la trésorière de l’association responsable du projet, Fatima Orsatelli, «l’Arabie saoudite était prête à financer tout le projet». Les Emirats arabes unis et le Qatar seraient également prêts à sortir leur carnet de chèques. Néanmoins le projet peine à se matérialiser concrètement.
A noter, que la mairie de Marseille, ville où l’on trouve 60 lieux de cultes musulmans, a limité à 20% du coût total les dons venant d’un Etat étranger pour l’édification d’un lieu de culte .
Le Maroc et la mosquée Othmane Ibn Affane de Mantes-La-Jolie Le Parisien
Avec un coût initialement devisé à 7 millions d’euros, la construction de la nouvelle mosquée de Mantes-la-Jolie peine se terminer. Les responsables du projet se sont tournés vers le Maroc pour trouver les fonds nécessaires. Un pays qui avait déjà financé l’ambitieux édifice à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Un accord a été néanmoins été trouvé. En échange d’investissements financiers, les autorités marocaines obtiennent la propriété et la gestion du lieu de culte et assumeront la formation des imams.
Une fois sa construction achevée, avec un espace de plus de 1600m² pouvant accueillir jusqu’à 5000 fidèles, elle sera l’une des plus grande de France.
Le jeu secret du Qatar avec la mosquée Annour de Mulhouse Centre annour
La construction de la mosquée Annour de Mulhouse est un cas d’école. Depuis 2009, le projet a recueilli 8 millions d’euros, dont 5 proviennent de dons de riches particuliers du Koweït et du Qatar via le fond caritatif Qatar Charity.
Or, l’Etat qatari aurait lui aussi participé pour près d’un million d’euros à son financement. Un joli chèque mis en lumière par des journalistes de Canal + en 2013. Officiellement, le gouvernement du petit Etat affirmait alors n’avoir jamais financé de mosquée et ne pas avoir d’ambition prosélyte en France.
Actuellement encore en travaux, après un arrêt de trois ans (2011 à 2014), le centre Annour à Mulhouse dépasse le simple cadre religieux. L’édifice contiendra, en plus des salles de culte, une piscine, une médiathèque et des commerces.