Aujourd’hui, on entend parler de sainte Hildegarde pour ses recettes de cuisine et sa médecine. La plume de Marie-Anne Vannier nous fait basculer sous bien d’autres aspects, en nous donnant un panorama très complet, parfois un peu technique, avec beaucoup de détails intéressants, sur la vie de cette grande sainte du XIIe siècle.
De nombreuses visions et une oeuvre très complète
Hildegarde est née en 1098. La première moitié de sa vie, depuis l’âge de trois ans, fut condensée par des visions intérieures et extérieures. Petite fille, elle essayait d’en parler, et elle était surprise d’être la seule à recevoir ce don. À l’âge de 8 ans, ses parents la confient comme oblate chez des bénédictines qui la formeront à sa vie future. Vers 1113, Hildegarde rentre définitivement chez les bénédictines, Elle était dans « la lumière de l’ombre vivante ». Est-ce la lumière de l’Esprit Saint, comme Marie à l’Annonciation ou saint Paul sur le chemin de Damas ?
Vers 1141, le Saint-Esprit demande à Hildegarde d’écrire ses visions. Elle fait discerner cet appel, puis écrit son premier livre, le Scivias, qui traite de la lumière des trois personnes de la Trinité, comme dans un feu. Ce livre sera suivi de deux autres oeuvres principales : le Livre des mérites de la vie (elle constitue un véritable traité sur le combat spirituel, une école d’harmonie intérieure, une chemin pour faire de sa vie un chant de louange) et le Livre des oeuvres divines (dans lequel elle contemple la gloire de Dieu et la création). De son parcours, il en découle des oeuvres musicales : « L’homme est à la fois ange par son chant de louange (laus) et homme par son action (opus) sainte ». Hildegarde a écrit des explications sur la nature, la botanique, la médecine, les animaux, le cosmos. Elle a composé des vies de saints, un commentaire des évangiles, et un commentaire de la règle de saint Benoit. Ses secrétaires ont également écrit une Vita (hagiographie). « Hildegarde pouvait dès lors, communiquer la lumière qu’elle recevait par ses écrits et par son action de fondatrice, en exhortant à revenir à la radicalité de l’évangile. »
Hildegarde, une femme d’action
Hildegarde était à la fois visionnaire et femme d’action. Elle sera maîtresse des novices, puis abbesse, et fondera par la suite deux autres monastères avec de nombreuses moniales. Hildegarde de Bingen partait en croisade pour prêcher la bonne au quatre coins du monde. Peu commun pour une femme à cette époque. Elle a eu une correspondance d’environ 400 lettres avec les grands de son temps (les évêques, les papes, les gouvernants), avec qui elle communiquait dans une grande humilité. Elle a été canonisée et proclamée docteur de l’Église par le pape Benoit XVI en 2012.
Marie-Anne Vannier propose à la fin de cet ouvrage illustré en couleurs, une anthologie très variée avec des extraits des oeuvres de Sainte Hildegarde, classés par thèmes. Ces passages sont vivants et intéressants à lire. Ils nous dévoilent la vie de sainte Hildegarde, les miracles qu’elle a opérés, ses missions, les conseils qu’elles prodiguait de la part de Dieu. On y trouve aussi des explications sur différents aliments, des conseils de médecine, des prières, et enfin l’acte de canonisation par le pape Benoit XVI.
Un modèle pour les femmes d’aujourd’hui
Avec une vie aussi riche, et une oeuvre aussi importante, cette femme très complète peut être un modèle pour les femmes d’aujourd’hui. À une époque où les femmes étaient effacées, sainte Hildegarde a laissé son empreinte en fondant des monastères, en enseignant et en correspondant avec les plus grands de ce monde, un peu à la manière d’une autre femme docteur de l’Église, sainte Catherine de Sienne, quelques siècles plus tard.
Hildegarde de Bingen : une visionnaire et une femme d’action de Marie-Anne Vannier. Éditions Entrelacs, collection Sagesses éternelles, 190 pages, 16 euros.