Par Charles Chaleyat
Au pays des ‘sans-dents‘, outre les milliers de dents déjà découvertes*, dans des centaines de sites néolithiques et paléolithiques français (sans compter les découvertes historiques) -, on vient d’en ajouter une, vieille de 560 000 ans, exhumée au site de la caune de l’Arago, près de Tautavel dans les Pyrénées-Orientales. Bravo à ces deux jeunes fouilleurs car pour bénévoles qu’ils soient, ils surent reconnaître une dent dans tout ce qui vient sous la truelle ou le pinceau et, en conséquence, doser leurs gestes. Cette dent, plus vieille que l’Homme de Tautavel de 100 000 ans, vient donc d’une période pour laquelle on a très peu de restes humains. On peut comprendre l’enthousiasme des archéologues et paléoanthropologues qui discutent des origines de l’homme. Est en cause ici précisément, l’origine de l’homme de Néandertal (une ou plusieurs lignées ?) qui vient plus tard dans le temps (entre 250 000 et 30 000 ans en Europe) pour céder la place ensuite à Homo sapiens sapiens. Cette question qui ne nous tarabuste, qu’assez peu il faut le dire tout au long de notre quotidien rempli de faits-divers et de soucis, nous titille parfois quand on en vient à parler de l’explication de nos origines… D’où venons-nous ? Et comment ? Les controverses philosophico-scientifiques qui vont suivre cette découverte et nous paraissent absconses ne sont donc pas sans importance : elles fourniront plus ou moins nettement et ‘officiellement’ une ‘réponse’.
De nos jours, c’est l’Evolution, qui expliquerait tout, en remontant les temps géologiques d’espèces en espèces, jusqu’à prendre au final en quelque sorte la place de Dieu. Sans remettre en cause les travaux des paléoanthropologues, généticiens et archéologues, la forme régressive infinie que prend la démonstration quand elle va aux causes ultimes, reculant à chaque fois l’explication (et avant ?) pour aboutir au ‘Big Bang’, gomme en effet la valeur explicative décisive de cette même Evolution.
* C’est ce qui résiste le mieux à l’érosion.