Par Charles Chaleyat
Le connaissance des pluies en Afrique est une question majeure pour de nombreuses sciences appliquées (modélisation hydrologique, climatique et agricole) mais aussi pour des services techniques de base (météorologie, services des eaux, sécurité alimentaire, alertes inondation ou sécheresse, etc.). Les réseaux d’observation au sol (pluviomètres) sont coûteux à placer et à entretenir; souvent insuffisants, ils se dégradent. Le suivi satellitaire et les prévisions météorologiques demeurent entachés d’incertitudes, notamment aux échelles spatiales et temporelles très fines. L’idée est venue d’utiliser la propriété qu’ont les gouttes de pluies d’atténuer le signal radio entre deux antennes : elles absorbent une partie de l’énergie véhiculée par les ondes et diffusent ces ondes en les détournant du trajet initial. Lorsqu’il pleut entre deux antennes relais l’intensité des signaux chute: c’est une des préoccupations des compagnies de téléphone mobile qui donc mesurent sans cesse ces perturbations. Elles produisent ainsi une quantité d’informations sur les pluies dans leurs pays. Utilisées et comparées aux mesures classiques de radars et pluviomètres, ces mesures ont démontré leur efficacité pour la mesure du volume des pluies : 95% des événements pluviaux ont été détectés.
Si 20 % des terres émergées dans le monde sont dotées d’un réseau téléphonique mobile, couvrant 90 % de la population mondiale, la couverture est en constante expansion. En ville en particulier, où la densité des réseaux est élevée. Reste à persuader les opérateurs nationaux de téléphonie mobile de coopérer en livrant leurs données brutes aux chercheurs.