Selon Alain Finkielkraut, les “douloureuses concessions territoriales” que doit faire Israël sont la condition à sa survie, afin d’éviter une situation similaire à celle du Liban, où la majorité (juive en Israël) est finalement remplacée par l’actuelle minorité (musulmane). Ce point de vue est tout à fait compréhensible. Reste à savoir pourquoi de nombreux intellectuels juifs qui l’adoptent ne s’opposent pas à l’immigration arabo-musulmane qui déferle depuis des décennies sur la France :
“Le 9 juillet, j’étais à Tel-Aviv à l’invitation du journal Haaretz qui organisait une grande conférence sur la paix. Je représentais Jcall * et j’ai dit qu’en tant qu’intellectuel juif, je devais constamment me battre sur deux fronts: contre un antisémitisme d’autant plus sûr de lui-même et dominateur qu’il dénonce le «monstre sioniste» dans la langue immaculée de l’antiracisme, et pour le compromis, c’est-à-dire la séparation en deux Etats des Israéliens et des Palestiniens. J’ai ajouté qu’en s’installant dans le statu quo, le gouvernement israélien mettait en péril le projet sioniste lui-même. Dès 1991, le grand orientaliste Bernard Lewis s’inquiétait de voir Israël devenir, sur le modèle du Liban, « une association difficile, une de plus, entre ethnies et groupes religieux en conflit ». Et il ajoutait : « les juifs se trouveraient dans la position dominante qu’avaient autrefois les Maronites avec la perspective probable d’un destin à la libanaise en fin de parcours. » Pour empêcher cette prédiction de se réaliser, il serait urgent de faire ce qu’Ariel Sharon, à la fin de sa vie, appelait de « douloureuses concessions territoriales ». Si ses successeurs y répugnent, c’est parce qu’ils se défient de leur partenaire, mais c’est surtout parce qu’ils ont peur de leurs propres extrémistes. Ils craignent la guerre civile entre Israéliens qui accompagnerait le démantèlement des implantations de Cisjordanie.”
Israël est donc menacé par deux dangers : la libanisation, c’est-à-dire la marginalisation des Juifs dans leur propre pays (quoi que l’on pense des décisions du passé, la création de deux Etats est inévitable si l’on souhaite éviter un bain de sang de part et d’autre) et la guerre civile entre Juifs, la société israélienne étant plus divisée que jamais entre laïcs et religieux, ultrasionistes et sionistes modérés, etc.
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